Foire agricole : les badauds et les rangs d’honneur
Hier, la 3e Foire agricole de Breil-sur-Roya a pris des airs de salon de l’agriculture. Dans ce Breil-sur-scène, ce Versaillessur-Roya, le Gotha de l’alpage a installé ses quartiers d’automne sous le chapiteau et au bord du lac. Nul besoin d’artifice, de jardins à la française, parce que déjà, le village, c’est Le Nôtre. Le COFAAC (Comité d’organisation
de la foire agricole artisanale et commerciale) a assuré le spectacle, le Sieur d’Alessandri, le condottiere Bouéri et Walkowiak, la favorite ont renvoyé Vatel à ses rêves de marée. L’édile perché sur la carriole, a caracolé en tête avec des gestes de Queen Elizabeth. Les adultes ont épaulé leurs smartphones en mode mitraille numérique, les enfants ont applaudi
au passage de la vache rousse et dodue, du cheval, du poney et du lama. Les brebis, les lapins et la volaille étaient déjà dans leurs boxes, Ils ont franchi la ligne d’arrivée qui signifie la fin de l’épate. Et la matinée s’est dévidée comme une liste à la Prévert: Il y avait ceux qui piaillaient, ceux qui pinaillaient, les commerçants et les commerces ; ceux qui
avaient le blé en herbe et le porte-monnaie en berne ; il y avait ceux qui sont à peler et ceux qui sont élus, ceux qui ont choisi et ceux qui doutent encore, ceux qui ont la ruralité ancrée au coeur et les autres qui ont le badaudisme chevillé aux corps. Il y avait les goûteurs, les dévoreurs d’odeurs, les joueurs de piston ou de cornet de glace, les sucreurs de
crêpes, les saleurs du midi, les tenants du patrimoine et les aboutissants de la gastronomie.
Une réflexion passionnée sur les montagnes
Il y avait tout ce qui incite les sens et aujourd’hui les sens ça n’a pas de prix ! Il y avait surtout les ingrédients indispensables qui font la recette d’un succès. Une journée qui fond en bouche et qui reste en tête comme un accroche-coeur. Une journée dont on regrette qu’elle soit déjà terminée. Mais ce n’est pas que ça… Car il y a eu aussi en ce jour, une réflexion passionnée, emphatique sur le devenir de nos montagnes. Entre la poire et le fromage, les agriculteurs, les garants de la ruralité ont eu le sentiment d’avoir été entendus et compris (lire ci-contre). Souvent échaudés d’une pilule amère à avaler. Il y avait, hier des relents de prise de la pastille.