Monaco-Matin

« Des têtes brûlées dans la profession »

- S. G.

« C’est certain, cela peut largement soulager les forces de police dans certains cas, je le comprends, mais c’est une fausse bonne idée. D’ailleurs, la plupart de mes collègues ne sont pas très chauds », assure Abdel (), une trentaine d’années. Il est agent de sécurité sur la Côte d’Azur depuis de nombreuses années. « Ceux qui sont chauds pour être armés, c’est, en partie, ceux qui risquent de poser problème. Il y a des têtes brûlées dans la profession et même formés, ça n’y changera rien, c’est mettre une arme dans les mains d’un homme », affirme-t-il. « Et puis, il ne faut pas se leurrer, dans % des cas, elle ne nous servira à rien, notamment en matière de terrorisme. Pour moi, c’est même nous mettre une cible sur le front ».

Abdel embraie sur le volet financier : « On est payé une misère, c’est rare de faire longtemps dans ce job, dès qu’on peut, on essaie d’en sortir. Est-ce que l’on va être payé plus ? Je rigole. Alors le jeu n’en vaut pas la chandelle ». « En faisant ce métier, je me suis rendu compte que l’on n’était pas considéré comme des flics, et que du coup, s’il y a un problème, on arrive la plupart du temps à discuter avant que ça ne dégénère vraiment. Je ne parle pas des cas extrêmes d’une attaque en bonne et due forme. Tu imagines, il se passe un truc, une bagarre, le ton qui monte et l’agent sort son gun ? C’est la cata», poursuit-il. Et puis, Abdel soulève une

autre problémati­que : « Il ne faut pas se leurrer, avec le peu que tu gagnes quand tu fais ce métier, tu n’habites pas dans les beaux quartiers, mais dans les cités, là où ça craint. Et lorsque ça va se savoir que tu as une arme, tu risques d’être convoité pour faire des choses pas clean en échange de fric. Tu peux être tenté de dire oui pour gagner un peu plus que le SMIC ».

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