LR : les « Estrosistes » vont déposer un recours
Les trois candidats niçois malheureux ont annoncé qu’ils allaient contester les résultats du scrutin azuréen. Pour eux, il y a eu une « fraude massive ». Les gagnants parlent de « mauvais perdants »
Pierre-Paul Léonelli l’a bombardé, hier, « il y aura bien un recours » contre les élections internes à la fédération LR 06. Un scrutin qui a vu l’élection du seul candidat en lice, le député Eric Ciotti, qui prend ainsi le fauteuil de Christian Estrosi à la tête de la puissante fédération azuréenne. La première de France avec plus de 10600 adhérents. Un recours après un communiqué déjà bien saignant le soir du scrutin pour dénoncer « des fraudes massives ».
« La ficelle est grosse »
Ce recours sera déposé solidairement avec les trois candidats niçois malheureux au poste de délégué de circonscription, dont PierrePaul Léonelli fait partie. Outre le monsieur propreté du maire de Nice, battu, dans la 1re, par Auguste Vérola, le suppléant de Ciotti à l’Assemblée, Marine Brenier a été sortie dans la 5e circonscription par le maire de Rimplas, Christelle D’Intorni. Très symbolique. Enfin, la sénatrice Dominique Estrosi-Sassone a été éliminée par un quasi-inconnu, Stanislas Andre, qui s’était présenté contre le candidat... LR [Rudy Salles, Ndlr, battu par le marcheur Cédric Roussel], lors des législatives dans la 3e circonscription. D’abord, PPL, jette le doute sur une « participation hallucinante ». Elle flirte avec les 70 %. « Sur 4 000 adhérents sur Nice, 130 personnes seulement sont venues voter dans les permanences. Certains sont repartis sans y arriver ». Léonelli s’interroge : « Quand on voit l’âge moyen des militants, (Ph. Eric Ottino et Franck Fernandes) comment ont fait ceux qui ont voté chez eux ?».
Trop d’écarts de voix ?
Haro ensuite sur les écarts de voix. « L’échec de Dominique Estrosi-Sassone » le scotche. « Face à un candidat que personne ne connaît qui est passé au PS et qui fricote avec le FN, ça laisse perplexe ». Puis, il prend son exemple : « J’avais 380 adhésions pour moi et encore une centaine potentielle. Je n’ai fait que 300 voix et Vérola 3 fois plus ». Bizarre, vous avez dit bizarre ? Ça le titille franchement. PPL en convient toutefois : «Jene m’imaginais pas gagner, mais du 25% /75%, c’est du délire, la ficelle est grosse ».
« Arbitre impartial »
C’est Jean Leonetti, l’organisateur du scrutin, qui lui répond. Impassible. « Un arbitre impartial », selon Christelle D’Intorni. « Je ne suis pas étonné de ce recours, les menaces ont été quasi- quotidiennes », susurre le maire d’Antibes. Un processus électoral surveillé comme du lait sur le feu... de la guerre Estrosi-Ciotti. « J’ai cédé à toutes les demandes du camp “noncandidat”, [Estrosi,ndlr] bien plus qu’à celles du camp du candidat, [Ciotti, Ndlr] », jure-t-il. Comme par exemple la mise en place de deux permanences de vote au lieu d’une. « On peut arriver à faire fructifier un recours, s’il y a peu d’écart de voix, quant au taux de participation, personne ne peut empêcher un candidat de faire campagne ». Jean Leonetti regrette : « Une victoire sans discussion normalement amène l’apaisement. Et là, ça entraîne des tensions supplémentaires ». Sur LCI, hier soir, Eric Ciotti a, de son côté, souri : « Il peut y avoir de mauvais perdants ». Mauvais perdants ou lanceurs d’alerte ? Y a-t-il réellement eu fraude pour gagner et si possible de manière écrasante ? Ou cette victoire est-elle le fruit d’une campagne sur le terrain. Un terrain bien moins labouré par les candidats de Christian Estrosi que par ceux d’Eric Ciotti ? La forte participation est-elle factice ou est-ce le symptôme d’un enjeu plus important que dans d’autres fédérations et qui aurait poussé les militants à voter massivement, avides d’« une clarification » ? Ces résultats sont-ils un séisme à Nice ou une secousse à peine ressentie par la maison Estrosi ?