Y-a-t-il une place pour la social-démocratie ?
L’un après l’autre, ils quittent le navire. Chaque jour, le Parti socialiste perd un de ses hommes – ou femmes. Il y a deux jours, Emmanuel Maurel, le chef de l’aile gauche du parti, ancien frondeur du quinquennat Hollande, claquait la porte. Samedi, Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris, l’a rejoint. Un autre, Julien Dray, « hollandais » de la première heure, hésite à rejoindre les deux premiers. L’année dernière, le candidat du parti à la dernière présidentielle luimême, Benoit Hamon, qui avait entrainé le PS dans une défaite historique avait pris le large, suivi, il est vrai, d’une maigre troupe. L’ancien Premier ministre socialiste, Manuel Valls, a quitté la France pour l’Espagne il y a quelques jours. Les anciens dirigeants, du temps du « vieux monde », comme Jean-Christophe Cambadélis, ont tourné la page. Ne reste comme capitaine du PS qu’un homme, Olivier Faure, presque esseulé, qui, l’oeil nostalgique et la voix sourde, a hérité non sans courage d’un parti en miettes. Symbole de l’obsolescence du PS, l’abandon, cette semaine, de la fameuse rue de Solférino, le coeur du parti, qui avait porté au pouvoir depuis deux présidents de la République, François Mitterrand et François Hollande. Désormais, le PS n’a plus de « présidentiable ». Son groupe parlementaire ne compte plus que le dixième des élus qu’il comptait en . Et il n’a surtout plus de ligne politique. Car deux questions se posent. Y a-t-il, sur l’échiquier politique français une place pour la social-démocratie, coincée entre le social-libéralisme d’Emmanuel Macron et la gauche radicale incarnée par Jean-Luc Mélenchon ? Pas sûr. Même déçu, l’électorat socialiste qui a voté pour Emanuel Macron l’année dernière, n’est pas encore entièrement prêt à l’abandonner. Deuxième interrogation : la gauche peut-elle s’unir aujourd’hui autour de Jean-Luc Mélenchon, à qui le score à la dernière présidentielle a donné une vraie crédibilité ? Manifestement, les partants du PS cette semaine sont près de le rejoindre. La gauche n’a jamais gagné le pouvoir que lorsqu’elle était unie. Mélenchon, qui se réclame tant de François Mitterrand, pourrait-il être son rassembleur? Il faudrait qu’il mette beaucoup d’eau dans son vin trop rouge, et parvienne à ce que, pour le moment, il semble incapable de faire : unir au lieu de diviser.
« La gauche n’a jamais gagné le pouvoir que lorsqu’elle était unie »