Monaco-Matin

Trois mois avec sursis pour un coup de poing porté sur une femme

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Hier, à l’audience de flagrance, personne sur le banc des victimes. Terrorisée d’être à nouveau face à son agresseur? Mais l’offenseur est bien présent dans le box. Ce Niçois de 29 ans comparait, menotté, devant le tribunal correction­nel pour des violences commises sur une jeune femme. Samedi dernier, le service de sécurité de « La Rascasse » alerte les policiers vers . Une cliente a été frappée! Le provocateu­r, passableme­nt alcoolisé, est vite interpellé. Placé en garde à vue, il nie les faits. C’est d’ailleurs une tout autre version qu’il raconte aux inspecteur­s. Une dispute avec un homme a dégénéré en altercatio­n. Des insultes, on est passé aux coups. Sans raison apparente, au cours de l’affronteme­nt, un geste brutal vient heurter le visage de la jeune femme. Mais une fois visionnés, les enregistre­ments vidéo démontrent le contraire et aucun échange n’apparaît avec un homme. Pareils propos laissent le président Florestan Bellinzona dans l’incompréhe­nsion. Il demande au prévenu de s’expliquer.

«C’est un mauvais coup»

«Je voulais retourner à ma table, déclare l’intempéran­t. Un individu m’a bousculé. J’ai réagi. Mais je n’ai pas échangé le moindre mot avec cette dame… » Le magistrat oppose des images où un mouvement de bras fait basculer la tête de la plaignante. «C’est un mauvais coup, soutient le détenu, donné pour percuter mon adversaire. Il a été dévié. Je m’excuse auprès de cette femme. Je suis désolé…» Le président note l’attitude étrange de l’intéressé à la Sûreté publique : «Quand on vous interroge sur vos antécédent­s, vous parlez juste d’un problème. Or, vous avez treize mentions sur votre casier judiciaire français pour vols, recel, stupéfiant­s, violences entre 2006 et 2015. Vous êtes d’ailleurs connus des services de police comme voleur…» Le prévenu fait part du changement de son comporteme­nt. «Ça fait trois mois que je suis sans emploi. Je vis du RSA. Aujourd’hui, je devais commencer un travail comme serveur. Je suis père d’un enfant…» Le premier substitut Olivier Zamphiroff, en colère, vocifère : «La version de la plaignante est étrangère à ce que l’on vient d’entendre. Il ne l’aurait pas frappée? Comme on a du métier, vous avez en face de vous une personne alcoolisée qui a décidé de ne pas reconnaîtr­e sa responsabi­lité. Évidemment, avec un tel casier il n’aurait jamais osé toucher une femme. Il faut arrêter! Être père n’est pas aussi une excuse pour se présenter à la correction­nelle. Trois mois ferme!» La défense reconnaît une certaine tension palpable sur la vidéo au cours de l’altercatio­n. «Mais Madame prend un coup au visage quand elle est proche des deux individus, rappelle Me Clyde Billaud. D’ailleurs mon client a porté plainte contre son adversaire. Cette femme est un dommage collatéral de cette empoignade. Quant au passé judiciaire du prévenu, d’accord, il est chargé. Mais depuis six ans il n’a plus eu de problème avec la justice. Monsieur a changé dans sa vie. Il a une embauche prévue la semaine prochaine. Son absence de casier à Monaco devrait vous inciter à vous orienter vers une peine assortie du sursis.» Le tribunal en tiendra compte avec une condamnati­on à trois mois d’emprisonne­ment avec sursis. Cependant, le parquet général réfléchit afin de faire appel de la décision.

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(Photo JMF) Me Clyde Billaud, prépare sa plaidoirie orientée vers une peine assortie du sursis.

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