Emplois fictifs: des perquisitions menées chez Mélenchon et LFI
La France insoumise et son leader Jean-Luc Mélenchon ont été perquisitionnés, hier matin, dans le cadre d’enquêtes sur des emplois présumés fictifs de parlementaires européens et sur les comptes de campagne de l’ex-candidat, qui a dénoncé une « énorme opération de police politique », le jour du remaniement. Selon une source proche du dossier, au moins une dizaine de perquisitions ont été menées par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, dans le cadre de deux enquêtes préliminaires dirigées par le parquet de Paris.
Les comptes de campagne visés
La première concerne des présumés emplois fictifs d’assistants parlementaires européens, ouverte à la suite de signalements de l’eurodéputée frontiste Sophie Montel en juin 2017. La seconde porte sur les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon pendant la présidentielle. Elle a été lancée après deux signalements à la justice, l’un du président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), l’autre de la cellule française de renseignement financier Tracfin. La CNCCFP, qui a validé fin 2017 les comptes des onze candidats malgré certaines dépenses retranchées – 434 939 euros sur 10,7 millions déclarés –- avait justifié ce signalement adressé le 16 mars par des « inter rogations », notamment sur les dépenses facturées par deux associations, L’Ere du peuple et Mediascop. La commission avait constaté que L’Ere du peuple, association sans activité commerciale déclarée, avait facturé à la campagne 440 027 euros correspondant à des locations de salles, de matériels informatiques et audiovisuels, et à des prestations intellectuelles de quatre de ses salariés, dont trois étaient également membres de l’équipe de campagne. Elle avait retranché une partie des dépenses. L’agence Mediascop, dirigée par Sophia Chikirou, alors responsable de la communication du candidat, avait pour sa part facturé 54 600 euros, et la commission en avait retranché 35 250 euros au motif d’« écarts significatifs » entre les montants et « la grille tarifaire de cette entreprise ».
« Une mise en scène »
Hier à l’Assemblée nationale, le chef de file des députés Insoumis a dénoncé une « mise en scène », soulignant qu’il n’y avait « aucun motif d’urgence » justifiant ces perquisitions multiples. Le Premier ministre, interpellé par Mélenchon, a défendu « l’indépendance de la justice », « qui fait qu’il n’y a aucune instruction individuelle donnée au procureur ».