Insuffisance cardiaque : ne pas perdre de chances Prévention
4 lettres à retenir : EPOF pour Ess oufflement, Prise de poids, OEdème et Fatigue. L’association de ces symptômes doit inciter à consulter rapidement. À la clé, sa santé
Près d’un million et demi de Français sont concernés. Pourtant, l’insuffisance cardiaque reste une maladie mal connue, notamment dans ses manifestations. « Elles se résument à quatre lettres : EPOF comme Essoufflement, Prise de poids, OEdèmes et Fatigue, résume le Dr Lamia Kesri-Tartière, cardiologue à l’hôpital Léon-Bérard de Hyères et membre du GICC Comme il ne s’agit pas de symptômes spécifiques, il y a souvent un retard de diagnostic. Les résultats d’une étude récente menée par le GICC le confirment : les malades sont mal orientés et arrivent malheureusement pour la moitié d’entre eux aux Urgences alors qu’un tiers avait des symptômes depuis au moins 2 mois. C’est pour nous un constat d’échec et une perte de chance pour les malades.» Ni le patient ni son entourage (y compris médical parfois) ne rattachent ces signes à un éventuel problème cardiaque.
Débit insuffisant
Pour comprendre ces symptômes, quelques explications sur la maladie sont nécessaires. « L’insuffisance cardiaque c’est l’incapacité du coeur à produire un débit suffisant pour assurer les besoins des organes, résume le Dr Kesri-Tartière. La pompe cardiaque est atteinte soit par un affaiblissement de la force de contraction du muscle cardiaque, soit par une perte de sa souplesse. Cela entraîne une accumulation d’eau et de sel dans le corps. Cette eau s’accumule dans les poumons provoquant des oedèmes, donc une prise de poids rapide, un essoufflement à l’effort Le retour à domicile après une hospitalisation doit être bien préparé. « Il faut sécuriser cette période au cours de laquelle le patient est vulnérable avec un risque reconnu important de réhospitalisation. Le passage d’une infirmière libérale peut permettre d’accompagner ce retour au domicile. L’idéal est d’organiser une visite chez le généraliste deux semaines après la sortie de l’hôpital et chez le cardiologue au bout d’un mois comme le propose le programme PRADO [un dispositif mis en place par l’assurancemaladie (Photos F.B. et Ax.T.) et une fatigue intense. Associés ou seuls, ces symptômes (EPOF) devraient conduire à consulter immédiatement un médecin.» Ce qui est loin d’être systématiquement le cas. Avec, à la clé, une vraie perte de chance. Car, « prise en charge tôt, l’insuffisance cardiaque peut être significativement améliorée. L’arsenal thérapeutique agit sur la fonction pour le retour à domicile, ndlr]. Des prises en charge innovantes se mettent également en place dans notre département pour développer l’hospitalisation à domicile chez ces patients. Tous ces dispositifs permettent de sécuriser cette période mais restent encore à mieux organiser. » Le patient va devoir adapter son mode de vie : alimentation moins salée et surtout activité physique. « Il n’est jamais trop tard pour s’y mettre, pour cela, il faut connaître ses ressources et ses limites. » du coeur, la qualité de vie et la survie. Sachant que la maladie, si elle se déclare en moyenne à 73 ans, peut concerner aussi des personnes plus jeunes. Plus on consultera tôt plus les traitements seront efficaces.» Mais, avant même d’initier la prise en charge, il faut préciser le diagnostic. « On doit identifier et traiter la cause de l’insuffisance cardiaque. Le plus fréquemment c’est un défaut d’oxygénation du coeur luimême par des artères bouchées par le cholestérol, le diabète, l’hypertension artérielle, le tabac. D’autres fois ce sont des agents toxiques comme l’abus d’alcool qu’il faudra arrêter.» Concernant le traitement de l’insuffisance cardiaque ellemême, il va dépendre du stade de la maladie. « On suit les recommandations des sociétés savantes. En aigu, on utilisera plutôt des traitements permettant d’éliminer les oedèmes et l’essoufflement (des diurétiques), voire des tonicardiaques et même des supports mécaniques (une pompe artificielle) quand le coeur est trop faible. Plus tard, on privilégiera des médicaments qui mettent le coeur au repos et facilitent son travail comme les bêtabloquants. Si la maladie est très avancée, la pose de stimulateurs cardiaques, de défibrillateurs voire la greffe peuvent être envisagés », résume le Dr KesriTartière. Des traitements à vie, mais « accompagnés ». L’hôpital Léon-Bérard, à l’instar d’autres établissements de la région, propose aux
patients de rejoindre un programme de rééducation cardiaque à l’effort avec un programme d’éducation thérapeutique. « Cela leur permet de mieux connaître la maladie et d’adapter leur quotidien en limitant les contraintes, remarque la cardiologue. De plus, ils prennent conscience de l’enjeu des traitements et les suivent mieux.» Un quotidien à réorganiser pour retrouver une qualité de vie. Dr Lamia Kesri-Tartière
Sécuriser le retour à domicile
1. Groupe insuffisance cardiaque et cardiomyopathies de la SFC – Société française de cardiologie.