Monaco-Matin

Brel en mots et en notes

Publie une biographie de Brel, en le racontant par le prisme de ses chansons. Un projet qu’il présente à Monaco le 24 octobre avec Bruno Brel, le neveu de l’artiste

- PROPOS RECUEILLIS PAR CEDRIC VERANY

C’est un rendez-vous singulier qu’ils ont déjà présenté à Paris et à Bruxelles, à deux voix. La première, celle de Bruno Brel qui interprète en acoustique, quelques-uns des titres phares de son illustre oncle. La seconde, celle de l’avocat et auteur Stéphane Loisy, qui ponctue le récital d’anecdotes sur l’histoire derrière les chansons. Voilà le programme de la soirée hommage à Jacques Brel que le tandem propose le 24 octobre à la bibliothèq­ue Louis-Notari. Un projet en cette année 2018 qui marque le quarantièm­e anniversai­re de la disparitio­n du grand Jacques. Accompagna­nt un ouvrage aussi, Jacques Brel en 40 chansons, coécrit par Bruno Brel, Baptiste Vignol et Stéphane Loisy. Ce dernier, originaire de Monaco, tenait particuliè­rement à présenter ce nouveau projet en Principaut­é. Jacques Brel disait, « je raconte ma vie dans mes chansons, c’est mon journal de bord ». Dans la jungle des ouvrages publiés ou réédités cet automne pour cette date anniversai­re (Jacques Brel s’est éteint le 9 octobre 1978), les trois auteurs l’ont pris au pied de la lettre, en narrant à leur tour l’envers des chansons, leur contexte et leur impact dans la vie de l’artiste.

Comment est née l’idée de cet ouvrage ? C’est un projet que je mûris depuis plusieurs années. Je suis un inconditio­nnel de Jacques Brel depuis les années , mais cela fait une bonne année que je me surdocumen­te sur sa vie, son histoire. J’ai lu des dizaines de biographie­s. Mais surtout, j’ai rencontré Bruno Brel, le fils du frère aîné de Jacques et nous avons eu cette idée, non pas d’une biographie volumineus­e, mais d’une approche thématique de la vie du chanteur, par ses chansons. Et nous nous sommes rapidement mis à l’écriture de cet ouvrage avec notre complice, Baptiste Vignol.

Le livre s’appuie sur  titres. Comment les avez-vous sélectionn­éss ? Les thèmes nous ont menés vers les chansons. Nous étions partis sur  titres, puis réduit à . Dans ce travail, l’apport de Bruno Brel a été déterminan­t. Nous avons pu nous appuyer sur de nombreux témoignage­s, mais corriger aussi des erreurs et des idées reçues que l’on peut avoir sur certaines chansons.

Comme pour le titre Ne me quitte pas… En effet, il y a eu beaucoup de légendes autour de cette chanson, qu’il avait écrite pour sa maîtresse, Suzanne Gabriello. Mais la chanson était bien destinée à son épouse, « Miche ». Ce titre, Jacques Brel l’a voulu comme une caricature des limites de la déchéance. Elle n’est pas forcément autobiogra­phique, c’est là que l’on voit d’ailleurs ses qualités d’interprète où il surjoue cet amoureux en peine. Dans la vie, il n’était pas vraiment ce genre, mais plutôt un séducteur qui enchaînait les conquêtes.

Qu’avez vous appris sur Jacques Brel au cours de la rédaction de cet ouvrage ? Disons que j’ai dépassé l’image monolithiq­ue que j’avais de lui. C’était un personnage multiple, rempli d’aspérités, de paradoxes, de contradict­ions. C’est aussi cela qui le rend attachant.

Dans l’ouvrage, vous insistez sur les moments où il a résidé à Roquebrune. Une parenthèse enchantée dans son parcours de vie ? C’est à Cabbé qu’il a composé certaines de ses plus belles chansons comme Une île ou Amsterdam. Roquebrune-CapMartin a été l’endroit où il a été le plus heureux. Il avait eu le coup de foudre pour cette plage, de retour d’un concert à Menton, en passant en train. Je suis revenu sur ses traces pour cet ouvrage, en y apportant une touche régionale, par rapport à mon histoire. J’ai eu envie que ce livre ait une dimension azuréenne.

Dans la préface de l’ouvrage, vous écrivez que Brel n’a jamais été abandonné par la mémoire collective. Qu’est-ce qui explique cet attachemen­t du public, (DR) toujours vif, à son oeuvre ? Tout cela tient à la force de ses chansons, qui ont une remarquabl­e constructi­on. C’était un interprète intense et violent. Les thématique­s poétiques et universell­es dans son oeuvre sont intemporel­les.

Vous lui voyez un héritier aujourd’hui dans la chanson française, quarante ans après sa disparitio­n ? Je n’en vois aucun qui lui arrive à la cheville ! C’était un personnage unique et tant mieux. Il n’y aurait rien pire que d’être un demiJacque­s Brel…

Brel surjoue cet amoureux en peine ” Rien de pire que d’être un demi-Brel ”

 ??  ?? Bruno Brel (à gauche) et Stéphane Loisy ont entamé une tournée médiatique, à l’occasion du quarantièm­e anniversai­re de la disparitio­n de Jacques Brel, pour présenter leur ouvrage.
Bruno Brel (à gauche) et Stéphane Loisy ont entamé une tournée médiatique, à l’occasion du quarantièm­e anniversai­re de la disparitio­n de Jacques Brel, pour présenter leur ouvrage.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco