Échecs: bienvenue dans le monde du silence
La 17e édition de l’Open international d’échecs de la ville de Menton bat son plein. C’est l’occasion de se plonger dans une atmosphère de concentration intense qu’exige la discipline
Un téléphone portable noir barré d’un trait rouge. Voilà la consigne qui accueille le visiteur, sur la porte du salon Grande-Bretagne du Palais de l’Europe de Menton. Le message est plutôt clair : éteignez votre mobile, soyez discrets. Et en effet, à l’intérieur, tout est calme. Très calme. Seuls quelques bruits de pas ou des petits toussotements viennent troubler un grand silence. C’est surprenant : quelque 222 personnes se sont installées sous les jolis lustres de l’immense pièce, hier après-midi. Si personne ne parle, si aucun téléphone ne sonne, c’est parce que tous sont des joueurs d’échecs. Ils sont venus participer à la 17e édition de l’Open international d’échecs de la ville de Menton, qui a démarré dimanche. Et aux échecs, le silence est d’or. L’absence de bruit rime avec concentration, et c’est un impératif de la discipline.
S’affronter soi-même
«Un moment de relâchement », peut changer le cours d’une partie, glisse Serge Cairo, vice-président de l’Échiquier Mentonnais et organisateur de la compétition. « Quelque part, on est notre premier adversaire », ajoute-t-il. Manière de dire que les échecs, c’est aussi un combat mental pour rester au plus près du jeu pendant parfois des heures et des heures. Le constat vaut pour les joueurs des trois tournois organisés, qui rassemblent des participants de niveaux différents. Peu importe le classement, les réactions sont les mêmes partout : visages absorbés par les échiquiers, regards rivés sur les pièces noires et blanches… Alors, pour rester concentrés, certains se lèvent et marchent un moment. Ils déambulent entre les tables avant de tirer leur chaise et de reprendre le fil de leur partie - en se dépêchant, l’horloge tourne encore. Ils marchent à côté des spectateurs qui naviguent dans les salons, l’oeil vissé sur les différentes rencontres qui se jouent sur les tables. Plusieurs de ces matches attirent un peu plus que d’autres : ils permettent à des grands joueurs de s’affronter. Certains d’eux se retrouvent dans un espace qui trône au centre de la pièce. Six rencontres, les meilleures de chaque tournoi, se jouent ici. Elles sont d’ailleurs diffusées sur vidéo projecteur et le site internet de l’Échiquier Mentonnais.
Profils différents
Il y a là, par exemple, Matthieu Cornette. Son classement, son « Elo », frôle les 2 600. Même chose pour Sébastien Mazé, autre Français très bien classé, lui aussi présent à Menton. «Les meilleurs mondiaux sont à un peu plus de 2 800 », situe Serge Cairo. Tous les profils se croisent (Photos N.H.-F.) autour des échiquiers. Certains sont jeunes, d’autres un peu moins, et des joueurs viennent de loin : Russie, Brésil, ÉtatsUnis… Ils s’affrontent, dans leurs catégories respectives, jusqu’à samedi. À la fin du tournoi, tous auront participé à neuf rencontres. L’Open est un championnat qui récompense les participants finissant avec le plus de points. En attendant, les rencontres se poursuivent. Et le silence règne toujours dans les jolis salons feutrés du Palais de l’Europe.