La basilique Saint-Michel bâchée presqu’à l’identique
Dans le cadre des travaux de restauration de l’emblème de la ville, une bâche a été installée hier matin sur sa façade. Y figure une photo (zoomée) de l’église telle qu’elle est en temps normal
La basilique Saint-Michel aurait-elle été rhabillée pour l’hiver ? Oui… et non. Certes, une immense bâche a été apposée hier matin sur sa façade. Mais pas tant pour la protéger du frimas que pour offrir aux touristes et habitants du vieux Menton une apparence plus heureuse. Dans le cadre des travaux de réhabilitation entamés le mois dernier. «C’est un chantier emblématique pour la ville, on voulait qu’il ait de la gueule, assume Pierre Aubrun, chef du service des bâtiments communaux. Dès la phase d’études, l’idée est venue de masquer les travaux pour qu’il n’y ait pas de nuisances visuelles. » Les faces les plus visibles de l’église se sont ainsi vues clonées sur une bâche, de manière à ce que les passants puissent reconnaître le monument – et non un amas métallique, sinon fantomatique. Même si pour des questions pratiques, quelques zooms ont dû être réalisés.
Transposer en D une structure en relief
« Il s’agissait d’éviter des zones de ciel. Un quart de la surface aurait été occupé par du vide, ça n’aurait pas forcément bien rendu », reprend le chef de service, soulignant qu’un mois et demi de discussions entre les architectes (de la société Perrot et Richard) et l’entreprise d’impression grand format – Tech’print – ont été nécessaires, en amont. Entre autres pour réussir à transposer au format 2D une structure en relief. Le bon côté des choses, c’est que les spectateurs pourront durant quelques mois observer la statue
de Saint-Michel et les colonnes qui l’entourent avec un filtre grossissant. Et pourquoi pas découvrir à cette occasion de nouveaux détails du fronton. Au total, une douzaine de personnes a travaillé sur cette toile, de la confection à l’installation. À commencer par un photographe, obligé de réaliser plusieurs clichés pour recomposer le tout en une unique image. Pour la phase finale, des cordistes ont par ailleurs été appelés, en vue de hisser la bâche peau contre
peau avec la basilique. À l’aide de quatre treuils et de poulies. « La difficulté pour nous aura été de faire un seul et même objet. Il a fallu souder les éléments entre eux, afin de monter une seule bâche ,explique l’un des responsables de Tech’print, Pascal Freixes, vérifiant quelques informations auprès de son associé, Thomas Lançon, resté en haut de l’échafaudage. Elle fait tout de même 160 kg. Il s’agit d’une bâche mèche microperforée, qui permet de laisser passer le vent.» Un matériau traditionnellement
utilisé pour les protections d’échafaudage. Même si en l’occurrence, une structure métallique indépendante a dû être installée au plus près de l’édifice pour pouvoir fixer la toile. La visée ? Elle est simple : ne pas avoir de système d’accroche apparent – toujours dans une logique d’esthétisme pour le bijou de la Perle de la France. Mais avant d’en arriver à ces considérations techniques, de nombreuses étapes ont dû être accomplies : étude du plan confié par les architectes, travail avec les monteurs à l’aide de leurs propres plans, conception de la bâche en fonction des doléances, pose de l’image sur papier, nouveau travail avec les monteurs pour savoir comment apporter la structure métallique sur site, fabrication de la bâche dans la zone industrielle de Menton (la plus grande jamais réalisée par Tech’print, également auteur des toiles fixées sur les voûtes des Sablettes).
« Fiers de travailler sur cet élément »
« Nous sommes une boîte mentonnaise, alors c’est fantastique pour nous de travailler sur un tel chantier », s’émerveille Pascal Freixes, précisant que c’est l’entreprise adjudicataire qui les a contactés, le cahier des charges stipulant qu’il fallait une entreprise locale pour réaliser cette mission. La société de ravalement de façade n’ayant pas vocation à le faire elle-même. Nous sommes fiers de travailler sur cet élément. C’est le fleuron de Menton, il figure sur toutes les cartes postales. Et ce ne sont pas des monuments que l’on rénove tous les jours. Dans quelques années, on pourra dire qu’on y a participé. Même si c’est à notre échelle, et que l’on ne contribue qu’à un aspect décoratif. » Après la façade principale et le clocher, hier, la partie sud de l’édifice sera à son tour joliment drapée d’ici à la fin de semaine. Il faudra alors attendre la fin du mois pour que survienne la prochaine grande étape du chantier : la dépose de la cloche au coeur de la basilique.