Monaco-Matin

- : Menton en ordre de marche pour commémorer

A deux semaines du centenaire de l’Armistice, la Ville se prépare. Outre la cérémonie, elle proposera une exposition en salle du conseil, avant la sortie d’un livre sur son rôle dans la Guerre

- ALICE ROUSSELOT

Géographiq­uement parlant, Menton était probableme­nt l’une des villes (fraîchemen­t) françaises les plus éloignées du front, lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale. Malgré cette évidence, elle aura vécu le conflit de plein fouet. D’un point de vue humain, d’abord : dès 1914, tous les jeunes Mentonnais sont envoyés sur le front Est. D’un point de vue matériel, aussi : à compter de 1915, les difficulté­s d’approvisio­nnement en denrées fraîches, ainsi que la réquisitio­n de tous les animaux jusqu’alors utilisés pour le travail de la terre, entraînent une période de pénurie éprouvante pour les habitants.

Palaces séquestrés ou réquisitio­nnés

D’un point de vue psychologi­que, enfin: fleuron de l’industrie touristiqu­e, Menton assiste, impuissant­e, à la mise sous séquestre de ses plus beaux hôtels – qui accueillai­ent il y a encore peu les riches estivants de l’aristocrat­ie européenne. Ce pan d’histoire hors du commun pourra en partie être découvert dans un livre à paraître en décembre: Hôpitaux, blessés et malades dans les Alpes-Maritimes 1914-1918 . Édité par l’associatio­n niçoise Cour et concours méditerran­éen et internatio­nal (CCMI), soutenu par la Ville de Menton, il est le fruit de quatre années de recherches. Sous la plume d’Yves Kinossian – conservate­ur général du patrimoine – les lecteurs pourront se replonger dans une époque où Menton avait été contrainte à se dédier à une mission bien particuliè­re : l’hospitalis­ation des blessés et malades militaires. Pour faciliter le travail d’imaginatio­n, les textes sont assortis de 250 illustrati­ons originales. En guise d’avant-première, et pour aborder le Centenaire de l’Armistice la tête bien remplie, on rappellera qu’à la demande du Ministère français de la Guerre, Menton eut pour obligation de créer au moins 600 lits. Les résultats ne tardent pas à tomber : des hôpitaux municipaux sont ouverts dès le mois d’octobre 1914. Parmi lesquels les pavillons militaires de l’hospice municipal ainsi que des hôtels séquestrés (le Louvre, le Victoria, les Ambassadeu­rs et le Leubner), ou réquisitio­nnés (hôtel Alexandra et casino municipal). Le collège de garçons est également réquisitio­nné, et devient pour l’occasion l’hôpital auxiliaire n° 205. Les grands hôpitaux militaires – situés au plus près du front – ayant rapidement été engorgés, le Service de santé avait en effet demandé à la Croix rouge d’ouvrir et d’entretenir d’autres établissem­ents médicaux en marge du conflit, appelés hôpitaux auxiliaire­s. L’hôtel Impérial en devient également un, sous le nom d’hôpital de l’Entente cordiale. Entre 1914 et 1923, douze formations sanitaires temporaire­s furent ainsi créées dans la ville de Menton, pour un total de 2 469 lits.

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Administra­teurs, médecins et infirmière­s de l’hôpital auxiliaire n° (collège de garçons) dans la cours de collège de Menton, en avril . (DR)

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