Patrick Mahé présente son livre sur Johnny
Patrick Mahé, ancien rédacteur en chef de Paris Match, connaissait bien Johnny. Il a écrit un livre, avec Gilles Lhote, dont il nous a parlé lors de son passage à Monaco
Johnny Hallyday. Inépuisable sujet. « Encore un bouquin sur l’idole des jeunes ! » me direzvous. Et même si vous avez raison, celui-là est un peu différent. Voilà un ouvrage intime, qui, s’il n’est jamais méchant, ne renie pas la part d’ombre du Taulier. Un recueil d’anecdotes, racontées entre copains, par des copains, Gilles Lhote et Patrick Mahé. Ce dernier, ancien rédacteur en chef de Paris Match et directeur de Télé7jours, était de passage à Monaco à l’occasion du Sportel, où il fait partie du jury du prix pour le meilleur livre de sport.
Comment vous est venue l’idée de ce livre ? Elle est venue très simplement. J’ai présenté Gilles Lhote à Johnny pour qu’il le suive régulièrement. Nous sommes alors en -. Et ça a collé tout de suite. Johnny était très content et ils sont devenus copains. Du coup, quand Johnny a pris son année sabbatique et qu’il a fait sa croisière dans les Caraïbes, il a proposé à Gilles de venir avec lui. Il était là quand Johnny a découvert Saint Barth. Et moi, en tant que rédacteur en chef de Paris Match ,je manageais tout ça. Gilles a passé le dernier été de Johnny à SaintBarth, en . Il a écrit un livre qui s’appelait « Le Guerrier » et qui montrait un Johnny en lutte contre la maladie. Le chanteur est alors en rémission. Jamais il n’aurait pensé à ce qui allait arriver quelques mois plus tard. Un jour, on discutait avec Gilles de nos petites histoires sur Johnny. On s’est rendu compte qu’il y avait plein de choses que le public ne connaissait pas, des histoires amusantes, rock’n’roll, qui ne faisaient aucun mal à Johnny. Alors on a décidé de les écrire. Chacun de notre côté, et on s’est pris huit jours de vacances ensemble à Juan-lesPins pour les mettre en commun.
Pourquoi à Juan-les-Pins ? C’est là qu’a eu lieu le tout premier festival de rock, au Vieux Colombier. Il y avait Vince Taylor, Les Chats sauvages, et Johnny Halliday. C’était là ses vrais débuts, pendant trois mois, avant de démarrer à Paris.
Certaines remontent très loin dans l’histoire personnelle de Johnny. Comment les avez-vous eues ? Ce sont des histoires qu’il racontait dans l’intimité. Je le voyais en Bretagne, où je vis, quand il venait en thalasso à Quiberon. On parlait beaucoup. De son côté, Gilles a eu beaucoup d’histoires pendant la croisière dans les Caraïbes. Et puis nous connaissons très bien Laeticia et Adeline [Blondieau, ndlr]. Mais aussi Long Chris, le père d’Adeline, ou Sam Bernett qui a été un grand témoin des années soixante et soixante-dix.
Il y a aussi de très vieilles photos. Comment vous les êtes-vous procurées ? Nous les avons retrouvées par la filière des fans. Les fans gardent tout. Le moindre programme, la moindre photo, ils les gardent. On trouve parfois également des gens qui vendent des collections personnelles anciennes. Nous avons aussi retrouvé, dans la banlieue lyonnaise, les toutes premières photos de Johnny, enfant, en cow-boy. C’est Daniel Frasnay, un photographe qui travaillera plus tard pour les studios Harcourt, donc un grand photographe. On l’a retrouvé et il nous a raconté l’histoire.
Vous connaissiez bien Johnny, mais y a-t-il des choses que vous avez apprises ? D’un contact à l’autre, on tire le fil et on apprend des histoires. On a un peu exposé le côté amoureux de la liberté absolue qu’avait Johnny. Notamment à bord du bateau dans les Caraïbes. Il y a question de tout, y compris des produits prohibés. On a ouvert la boîte là dessus, mais toujours avec un petit clin d’oeil. Ce sont vraiment des révélations totales. À mon avis, on apporte un Johnny au naturel, tel qu’il était vraiment. Avec sa générosité débordante et son machiavélisme parfois. Il était capable de mettre son interlocuteur au défi. Il avait un magnétisme qui lui permettait de lutter contre sa timidité profonde naturelle. Il était très timide, et parfois il faisait des erreurs énormes, qui étaient dues à sa timidité. Les caricaturistes en profitaient beaucoup, comme dans les Guignols. Et à côté de cela, il pouvait avoir la rancune très tenace. Comme ce fut le cas (Photo Cyril Dodergny) avec Eddie Barclay. Il lui en voulait beaucoup d’avoir préféré Vince Taylor. Et lors d’un dîner à Saint-Tropez, des années plus tard, il lui a renversé son gaspacho cuiller après cuiller, dans le cou en disant : « Ça c’est pour Vince Taylor, ça c’est pour Eddie Cochran...»
Comment l’entourage de Johnny a accueilli ce livre ? Nous avons eu de bons retours de Laeticia. D’Adeline aussi. Il y a beaucoup de livres en ce moment, mais le nôtre est particulièrement crédible. Donc il est bien accueilli. Car nous, nous avons connu Johnny contrairement à beaucoup d’autres auteurs.