Monaco-Matin

« Étape 5 : nuit d’ivresse »

- DENIS CARREAUX dcarreaux@nicematin.fr

Partenaire média du e eRallye Monte-Carlo qui est achevé dans la nuit de samedi à dimanche en Principaut­é, MonacoMati­n était au coeur de la course. Vécu à bord de la Renault Zoé n° du groupe Nice-Matin et de Radio Vinci Autoroutes.

« On a failli toucher un mur, non ? » Dans l’habitacle à peine éclairé par la lumière blafarde du plafonnier, ma copilote serre les dents. Au beau milieu de la vertigineu­se descente détrempée du Turini, la voix blanche, elle continue à égrener les temps de passage pour faire en sorte que nous colllions le plus possible à la moyenne imposée de  km/h et des poussières. J’avoue que je préfère être à ma place, au volant, qu’à la sienne, dite du mort (de trouille). Pour être ballotté de cette manière d’un lacet à l’autre, conduit par un pilote amateur dans la spéciale la plus connue au monde, mieux vaut avoir le coeur bien accroché. L’estomac au bord des lèvres, Virginie est crispée mais assure.

La cata dans les lacets Ultime étape de ce e eRallye MonteCarlo, la ZR  (zone de régularité) entre Lantosque et Sospel est interminab­le. Si la pluie s’est un peu calmée depuis notre départ de Monaco à h, la visibilité est nulle. Épatante pendant tout le rallye, nerveuse, fiable et scotchée à la route, notre Renault Zoé n’éclaire rien. Dans la nuit du haut-pays, ses phares ne permettent absolument pas de distinguer le tracé de la route. Dans les épingles, c’est le trou noir. Dans les lacets, la cata. À chaque freinage appuyé, les murs qui inquiètent Virginie se rapprochen­t dangereuse­ment. Sur la chaussée détrempée, il faut en permanence déjouer les pièges. Les flaques, les ornières, les feuilles et les pierres (voire les rochers) qui jonchent le bitume en cette soirée de déluge. Ma hantise, outre la sortie de route ou le gros câlin à un muret : heurter un caillou et crever un pneu, ce qui vient d’arriver à l’équipage d’une Tesla. D’autant que je ne suis pas totalement persuadé d’avoir une roue de secours... Dieux du volant Même à moins de  km/h de moyenne, disputer une telle spéciale de nuit est une épreuve. Imaginer que les pilotes de WRC montent et descendent le Turini à ,  km/h, si ce n’est plus, dépasse l’entendemen­t. Ces gens-là sont des dieux du volant. De notre côté, même si nous avons beaucoup appris depuis le départ de Nevers mercredi, nous ne sommes pas devenus en quatre jours des dieux du chrono. Nos moyennes sont restées désespérém­ent médiocres. Nos approximat­ions et nos erreurs d’orientatio­n dans deux zones de régularité nous ont coûté cher et notre classement au terme de l’épreuve (e sur  classés et  participan­ts) ne nous

destine pas franchemen­t à une glorieuse carrière dans le championna­t du monde de la spécialité. Nous garderons, outre la plaque de rallye qui témoigne de notre épopée épique, des souvenirs intenses et des images inoubliabl­es. Et nous resterons impression­nés par le niveau d’exigence d’un rallye organisé par des femmes et des hommes, bénévoles ou non, incroyable­ment profession­nels, disponible­s et humains. Mention particuliè­re pour notre Zoé électrique numéro  qui ne nous a pas lâchés et que nous avons ramené à Automobile club sans une égratignur­e. Une vraie sportive qui s’ignore. Comme nous.

 ?? (Photo Jo Lillini) ?? Conditions dantesques pour les deux dernières spéciales du e eRallye, dont l’épreuve mythique du col du Turini.
(Photo Jo Lillini) Conditions dantesques pour les deux dernières spéciales du e eRallye, dont l’épreuve mythique du col du Turini.

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