Des années de négociation en amont
La première fois qu’une ligne ferroviaire reliant Nice à Turin a été envisagée? En 1845, par le comte Carlo Ilarione Petitti di Roreto, homme politique et économiste piémontais. Le pays niçois et le Piémont ne font alors qu’un. Et la nécessité d’assurer des voies de communications efficaces entre les deux régions s’impose. Victor Emmanuel II de Savoie compte sur ce projet pour regagner la confiance des Niçois, qui se sentent alors les grands oubliés du royaume. Aussi leur promet-il un tel axe ferroviaire, par l’entremise du comte de Cavour, chef du gouvernement. Un avant-projet est soumis en 1856 par l’ingénieur militaire romain Filippo Cerrotti, proposant un passage par Tende et Menton. S’ensuit naturellement un contre projet côté niçois, en 1857, porté par Louis Petit-Nispel, préférant un tracé via les Paillons. Une dizaine de variantes est suggérée, au total. Mais avec le rattachement de Nice et de la basse Roya à la France, les projets ferroviaires s’essoufflent. Poussés par les milieux des affaires, les Français relancent pourtant l’idée. Suivis par les Italiens. En juillet 1879, un consensus franco-italien est trouvé. Mais les rivalités politiques, commerciales et coloniales entre les deux États mettent un coup d’arrêt à l’élan retrouvé. Soit. L’Italie commencera donc seule les travaux. Avec pour objectif de désenclaver la haute Roya, encore sous son joug. Le premier coup de pioche est donné le 18 avril 1882 à Cuneo. Le 17 juillet 1898, le percement du tunnel du col de Tende est achevé, et fait grand bruit jusque dans la presse niçoise. La France revient dans la danse en 1902, confiant la concession (encore spéculative) à la compagnie PLM (ParisLyon-Méditerranée). Une convention réglant les modalités des travaux, la durée et les conditions d’exploitation de la ligne internationale est signée en juin 1904. Prévoyant un aboutissement pour 1914. Le parlement italien l’approuve immédiatement. Côté français, l’accord ne tombe qu’un an plus tard. Le Sénat lambine jusqu’en 1906. Le 21 mars, tout est (enfin) ratifié, le chantier peut démarrer. Mais, preuve que les inquiétudes demeurent quant à l’accomplissement d’un projet vieux de 50 ans, le Carnaval de Nice 1908 voit défiler un char représentant les ouvriers du chemin de fer… sur un escargot!