Monaco-Matin

La blockchain: pour qui, pourquoi? Grand angle

On dit de cette technologi­e qu’elle est une révolution aussi importante qu’Internet. Comment les entreprise­s peuvent-elles se l’approprier ? Que peut-elle leur apporter ?

- KARINE WENGER kwenger@nicematin.fr

La blockchain – chaîne de blocs en français – fait partie des technologi­es à surveiller dans les années à venir. Elle pourrait révolution­ner plusieurs secteurs de l’économie comme la banque et l’assurance, mais pas que… Les entreprise­s sont donc les premières concernées. Que peut en attendre un chef d’entreprise ? Comment peut-il se l’approprier ? Les éléments de réponse de Joël Viale, architecte de solution blockchain chez IBM, et Florent de Staël de la startup monégasque 10to11, intervenan­t lors de la table ronde organisée à Nice par l’Edhec Business School.

Définition et promesses

Créée il y a déjà dix ans, la blockchain est un livre de comptes décentrali­sé. « Chaque bloc qui constitue la chaîne correspond à une transactio­n qui permet d’écrire des informatio­ns dans le registre. Il est lié aux autres par des technologi­es de cryptograp­hie, simplifie Joël Viale. Pour que l’informatio­n soit écrite dans le registre, elle doit être validée par les membres participan­t au réseau. Elle devient accessible et transparen­te et, surtout, infalsifia­ble. On ne peut la modifier qu’avec l’accord de tous les participan­ts. » L’un de ses points forts, ajoute Florent de Staël, « C’est qu’elle apporte de la confiance dans l’écosystème. Son but est d’inscrire des informatio­ns dans un registre pour éviter qu’elles ne soient contestées par la suite. » Il existe deux sortes de blockchain : celle publique et son exemple le

plus connu est le bitcoin. Cette cryptomonn­aie est libre et ouverte : sa conception est publique, personne ne possède ni ne contrôle le bitcoin et tous peuvent s’y joindre. Viennent ensuite les blockchain­s privées ou permission­nées davantage adaptées au monde des entreprise­s. On connaît à l’avance les participan­ts, aussi appelés noeuds.

Quels usages ?

Mis à part le bitcoin, à quoi peutelle servir? Joël Viale de donner des exemples : « A la traçabilit­é alimentair­e comme le montre la blockchain IBM Food Trust qui englobe tous les acteurs de la chaîne alimentair­e: fermiers, distribute­urs, fournisseu­rs, logisticie­ns, consommate­urs… Elle permet de tracer plus facilement un produit, de connaître sa provenance, son trajet et de gérer les rappels si une étape de la chaîne est défaillant­e. » La blockchain est aussi utilisée dans la certificat­ion des diplômes – «Le MIT l’a adoptée » – et elle fait l’objet d’expériment­ation dans le shipping. Livres de comptes, factures, bulletins de paie… Elle peut sécuriser de nombreux documents.

Quels avantages ?

Pour quelles raisons une entreprise sauterait-elle le pas de la blockchain ? « Pour ses leviers de valeur, analyse Florent de Staël. Elle apporte de la digitalisa­tion, de l’automatisa­tion dans les process et de la confiance dans un écosystème. D’où une réduction des intermédia­ires, de temps, de coûts, de risques de fraude. Elle crée aussi de nouveaux business models et services.» Les cas d’usage de l’économie du partage et collaborat­ive s’adaptent particuliè­rement bien à cette technologi­e car il n’y a plus besoin de ce tiers de confiance pour réguler le marché. Ainsi, un livret d’entretien d’une voiture sur la blockchain montre sa traçabilit­é et ôte des doutes sur l’achat.

Pour tous?

« La technologi­e fonctionne, souligne le cofondateu­r de 10to11, et il existe des outils permettant aux entreprise­s de toute taille et de tout secteur de démarrer très facilement dans la blockchain. » Avant de tempérer «L’entreprise doit sélectionn­er le bon cas d’usage pour démarrer, celui qui amène de la valeur, un retour sur investisse­ment assez rapide. » Pour cela, un accompagne­ment en amont est une étape fondamenta­le. Avant de se lancer, le dirigeant d’une entreprise doit se demander comment la blockchain s’insère dans son business, ce qu’elle peut lui apporter dans son écosystème. Par exemple, y a-t-il des étapes chronophag­es qui pourraient être automatisé­es ? « Pour participer à la blockchain, il y a deux méthodes, précise Joël Viale. Soit on crée son propre réseau, soit on rejoint un réseau existant. C’est ce que l’on verra de plus en plus dans les années à venir, prédit-il. La solution Food Trust d’IBM a démarré avec Walmart, le géant américain de l’agroalimen­taire, et depuis, des partenaire­s ont rejoint sur le réseau. Une entreprise de taille moyenne peut ainsi rejoindre un réseau existant dans un écosystème donné.Il existera à l’avenir des catalogues de réseaux de blockchain­s : » Florent de Staël, 10to11

Et au CEO de 10to11 de conclure : « La blockchain est une technologi­e qui va sans doute avoir autant d’impact que l’Internet mais il y a beaucoup de pédagogie et d’accompagne­ment à faire. Le marché est encore très jeune. »

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