LE JARDIN ANIMALIER FERMÉ JUSQU’EN
Fermé au public le 7 août pour cause de canicule et de nécessité de préserver les animaux, le parc zoologique a en fait subi une attaque de charançons des agaves imposant une étude de la falaise
Le août, en pleine canicule, le parc zoologique de Monaco avait fermé ses portes pour préserver les animaux. Une petite bête jusque-là inconnue à Monaco a alors joué les trouble-fêtes : le charançon de l’agave. Contraint de faire incinérer cinq tonnes de plantes infectées, le Palais princier attend désormais une étude de la falaise pour autoriser la réouverture.
Entre Monégasques inquiets et touristes déçus, la fermeture du Jardin animalier a fait parler cet été. D’autant qu’il aura fallu attendre la mi-septembre pour voir fleurir une brève explication sur les portes de l’institution monégasque et sur les réseaux sociaux. « Pendant la fermeture du Jardin Animalier cet été, pour cause de grandes chaleurs, la présence de charançons infectant les agaves situés sur la falaise dominant le parc a été détectée. Depuis, tous les agaves infectés ont été enlevés. » Sans surprise, le charançon, ennemi n° 1 des végétaux azuréens ces dernières années, ne s’était donc pas arrêté à la frontière monégasque ! Même si, à Monaco, ce n’est pas l’espèce friande de palmiers qui a sévi mais celle de l’agave : le Scyphophorus acupunctatus (lire ci-contre). Une petite bête de moins de 2 cm, inoffensive pour l’homme et l’animal, mais qui a contraint les jardiniers du Palais princier, pour le repousser, à incinérer pas moins de cinq tonnes d’agaves.
« Les élagueurs ont constaté la propagation »
« Ces dernières années, avec la menace du charançon du palmier, nous sommes en constante observation des palmiers Phoenix près des remparts, relate le chef des jardiniers du Palais, Denis Gerenton. Et quand le parc était fermé pour canicule, on s’est aperçu qu’il y avait des brunissements à la base de certains agaves. » Un symptôme significatif d’infection par le vorace coléoptère et, rapidement, un constat implacable. « On a fait descendre des élagueurs sur la falaise et ils ont constaté la propagation. Pour éviter tous risques de chute et préserver le personnel, les visiteurs et les animaux du zoo, on a décidé de faire purger tous les agaves de la paroi. » Des interventions acrobatiques nécessitant des mesures de sécurité évidentes, lorsque l’on sait qu’un pied d’agave peut peser 100 kilos et que le dépérissement de la plante infectée par le charançon est si rapide que le risque de déracinement est presque inéluctable. Quelques semaines plus tôt, la chute d’une autre plante lourde, une euphorbe candélabre – pour des raisons non divulguées – dans les jardins de la SBM, avait d’ailleurs fait une victime nonagénaire. Un lourd contexte propice à toutes les précautions. Au-delà du manque à gagner évident en haute saison touristique, l’attaque de charançons n’a en revanche pas eu d’impact sur les cinq salariés du Jardin et les animaux. L’équipe, dirigée par Laurent Peyronel, est restée sur le pont quotidiennement pour entretenir le parc et nourrir ses quelque 250 animaux « en pleine forme ».
Sera-t-il nécessaire de revégétaliser la falaise ?
Reste qu’aucun remède n’existe actuellement pour en finir avec le charançon de l’agave. Ces derniers n’ont donc pas été arrachés, mais coupés, et restent sous surveillance (lire page suivante). Quant à la fermeture du site, elle vient d’être prorogée jusqu’au 31 décembre prochain. Pourquoi ? Si tous les agaves ont été enlevés... « Afin de pouvoir revégétaliser la falaise, un état des lieux et des études topographiques sont nécessaires pour réaménager les espaces », justifie-t-on côté Palais princier. L’Administration des Biens serait ainsi en pleine prospection d’une société à même de conduire un audit de la falaise. Des acrobates casqués pourraient donc rapidement graviter sur les parois de Fontvieille, nécessitant une interdiction d’accès au public. Encore faut-il qu’une revégétalisation soit possible. « Ce sont des parties colonisées par les racines des agaves, où il y a très peu de ter re », souligne Denis Gerenton, responsable de la partie privative d’une falaise scindée en deux dans sa gestion…