Monaco-Matin

Une falaise pour deux

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L’année dernière, à même époque, de gros sacs blancs suspendus de longues semaines au pied de la falaise, au-dessus du port de Fontvieill­e, avaient interpellé – et même interloqué – les passants. Certains les confondant avec des décoration­s de Noël; d’autres allant jusqu’à imaginer que des cadavres d’animaux y reposaient ! Le chef de section Jardins à la Direction de l’Aménagemen­t Urbain (DAU), Georges Restellini, avait alors levé le mystère [lire nos éditions du lundi 8 janvier 2018]. « On a eu quelques petits soucis avec des infloresce­nces d’agaves tombées dans le port de Fontvieill­e et quelques rochers qui étaient tombés également. » Dans les sacs, donc, des agaves et autres plantes invasives. Résultat d’une vaste opération de débroussai­llage entreprise en fin d’année 2017 et amenée à se poursuivre, par épisodes, jusqu’en février 2019. Une mission diligentée par les services de l’État, en charge de la partie publique du Rocher, naturellem­ent mitoyenne de la partie privative de la falaise, gérée par le Palais princier.

« On n’introduit pas de nouvelles plantes »

L’opération publique relevait alors d’une question de sécurité, couplée d’une opportunit­é pour la Direction de l’Environnem­ent, en partenaria­t avec le Conservato­ire Botanique National Méditerran­éen de Porqueroll­es (CBNMed), d’effectuer un inventaire de la flore locale. L’Entreprise Monégasque de Travaux Acrobatiqu­es (EMTA) avait ainsi été missionnée par la DAU pour «assainir» les lieux. Objectifs: contrôler l’expansion des espèces exotiques envahissan­tes, restaurer l’habitat à fort enjeu de conservati­on, favoriser la persistanc­e et la recolonisa­tion de la flore patrimonia­le. «Ce n’est vraiment pas un jardin, c’est considéré comme du milieu naturel. Du patrimoine. On enlève les plantes invasives mais on n’introduit pas de nouvelles plantes», précisait toutefois Georges Restellini, balayant l’hypothèse d’une revégétali­sation. Questionné sur l’éventuelle présence de parasites justifiant la chute des agaves, Ludovic Aquilina, chef de section à la DAU, concédait volontiers l’absence de telle recherche au cahier des charges: « Même si on veut limiter les espèces invasives, des écosystème­s se sont développés mais on n’a pas lieu d’intervenir dessus». Alerté cet été par les jardiniers du Palais princier de la présence de charançons de l’agave (*), la DAU reconnaît pourtant aujourd’hui, sans surprise, avoir également fait face à la bestiole. « Nos agaves ont également connu des attaques. Pour ce qui concerne la falaise, l’entreprise de travaux acrobatiqu­es EMTA devant éradiquer toutes les plantes exotiques, y compris les agaves, n’y a pas prêté attention. Une nouvelle tranche de travaux sera réalisée début novembre…»

« Pas efficace à  % »

À la décharge d’EMTA, on voit mal comment ses « acrobates » auraient pu jouer le rôle de lanceurs d’alerte alors qu’ils n’ont pas de compétence en la matière. Pour rappel, ils repéraient d’ailleurs les plantes invasives grâce à un «pensebête » édité par les services de l’Environnem­ent. Une sorte de «Les Plantes Invasives Pour les Nuls », imagé mais en rien garant d’un sans-faute. Un opérateur, par ailleurs salué pour son profession­nalisme, y compris sur la partie privative de la falaise. « Nous entretenon­s les glacis et tout le maquis en pourtour du Palais, notamment pour sauvegarde­r toutes les plantes endémiques comme la Nivéole, qui a quasiment disparu partout et qu’on a réussi à préserver et qui croît sur le secteur au-dessus de la place d’Armes. Nous faisons aussi parfois appel à EMTA pour élaguer les parties difficiles d’accès », confie Denis Gerenton, jardinier du Palais depuis 13 ans. Un chef et ses dix jardiniers qui font appel à la société MC-Clic pour prévenir les palmiers du charançon en répandant, à l’aide d’un drone, de la poudre – en plus d’un liquide qu’ils appliquent. Désormais confrontés au charançon de l’agave, les jardiniers sont plus perplexes quant à son combat : «La seule souche qui est homologuée n’est apparemmen­t pas efficace à 100 %. » * La société Vegetech, partenaire du Palais princier, a également été alertée.

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