Incendie dans la démocratie
Inutile de se livrer à de subtiles analyses : Jair Bolsonaro, le nouveau président du Brésil, élu ce dimanche à une large majorité, est un authentique homme d’extrême droite. Son parcours, son racisme, sa mysoginie, sa violence, sa nostalgie de la dictature militaire qui régna sur le pays de à , sa réthorique fasciste suffisent à le démontrer. Son seul mérite, au fond, est de l’assumer. Les Brésiliens savaient donc qu’ils ouvraient la porte à un régime autoritaire, répressif, capable de remettre en cause les libertés fondamentales et en péril le système démocratique qui lui a permis de triompher. Nous aurions tort de croire que cette affaire n’est qu’un énième épisode tropical dans les républiques agitées de l’Amérique du Sud. Il est urgent de nous demander ce qui ne tourne pas rond dans les démocraties. Partout, en effet, elles se mettent à boiter. Aux Etats-Unis avec Donald Trump et sa manière de radicaliser le débat politique jusqu’à l’hystérie mais aussi autour de nous, en Europe, avec ces pays qui basculent dans l’illibéralisme et la démocrature. En Pologne, en Hongrie, en Slovaquie, en République Tchèque, en Italie, règnent désormais des dirigeants prêts à malmener la séparation des pouvoirs, à diviser la société, à bousculer les droits des citoyens et à laminer les libertés fondamentales. Tous ces gouvernants ont pourtant été élus à la régulière. Même les démocraties qui paraissent solides sont minées. On ne peut oublier le second tour de la présidentielle de en France. L’Allemagne, elle aussi, est atteinte. Les deux grands partis qui l’ont gouvernée depuis sont déstabilisés comme l’ont encore démontré ce dimanche les élections dans le land de Hesse : la gauche par les Verts ; la droite par l’extrême droite. Le feu est dans la maison démocratie. Il serait bien léger de s’en tenir à des explications exotiques pour comprendre le séisme que vient de connaître le Brésil. Le mal va bien au-delà, porté par l’oubli du plus jamais ça. La culture démocratique est le fruit d’une longue histoire et la Seconde guerre mondiale a démontré, comme l’a dit Winston Churchill que « la démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres déjà essayés dans le passé » .Les pouvoirs autoritaires ont toujours conduit à des drames. Il est urgent de rappeler les fantômes tragiques d’un passé que l’on croyait à jamais révolu et de retrouver au plus vite le chemin des vertus démocratiques.
« Même les démocraties qui paraissent solides sont minées. »