Monaco-Matin

COMMENT INDEMNISER LES COUPS DE MER?

Si le gouverneme­nt assure les sinistrés de sa «bienveilla­nce», le Conseil national suggère la reconnaiss­ance d’un état de catastroph­e naturelle inexistant à Monaco. A Cap-d’Ail, les dossiers d’indemnisat­ion sont prêts à partir en mairie.

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Du sable à la pelle, et de l’eau en cascade… les commerces du Larvotto ont, pour certains, été totalement dévastés. À Cap-d’Ail, qui a été très lourdement touchée, le maire, Xavier Beck, et ses équipes sont en train de constituer le dossier pour classer l’événement en catastroph­e naturelle, et il est confiant : « L’état de catastroph­e naturelle avait été reconnu par l’État pour les intempérie­s, comparable­s dans leur forme, à savoir inondation et choc mécanique liés à l’action des vagues du 4 mai 2010. Les dommages causés par la tempête Adrian sont plus importants encore, ce qui nous laisse espérer une reconnaiss­ance de l’état de catastroph­e naturelle. La commune n’est pas assurée et donc n’est pas garantie pour tous les dommages sur les ouvrages publics (digue, chemin, route…). En revanche, cette reconnaiss­ance nous permettrai­t d’obtenir des dotations de l’État pour ces biens non assurables. »

Un vestige de la IVe République

Si l’État accède à sa demande, les assurances iront puiser dans une caisse spécifique destinée aux événements de ce type. L’intérêt principal étant que le risque est mutualisé sur tout le territoire français. C’est-à-dire que tout le monde cotise à une caisse qui indemniser­a des événements généraleme­nt localisés. Le régime de la catastroph­e naturelle date de 1982, pour répondre à un principe fondamenta­l de la Constituti­on française de 1946 (IVe République): « La Nation proclame la solidarité et l’égalité de tous les Français devant les charges qui résultent des calamités nationales ». À Monaco, en revanche, c’est plus compliqué: «En droit monégasque, l’état de catastroph­e naturelle n’existe pas. Il apparaît, toujours dans cette même optique, que les contrats d’assurance souscrits à Monaco ne prévoient habituelle­ment pas la garantie “Catastroph­e naturelle ”; dans la mesure où il n’existe pas à Monaco un fonds spécial, comme en France, activé aux fins d’indemnisat­ion consécutiv­ement à un décret pris par le gouverneme­nt français. »

Trop petit territoire

D’après une source du monde des assurances, la raison est simple: Monaco étant un petit territoire, quand un phénomène naturel se produit quelque part, il touche tout le pays. Impossible donc de mutualiser le risque. Selon cette même source, les coups de mer ne seraient quasiment plus couverts par les assurances. Mais alors quid des commerces du Larvotto ? Le gouverneme­nt semble ne pas les lâcher : « En l’espèce, il se peut que des commerçant­s du Larvotto ne soient pas couverts par leurs assurances pour les dommages à leur matériel ou perte d’exploitati­on. Cependant, au vu du caractère imprévisib­le et hors du commun des dégâts occasionné­s, le gouverneme­nt princier examinera avec la plus grande bienveilla­nce les situations des commerçant­s en cas de défaut de prise en charge par leurs assureurs. » Le gouverneme­nt précise tout de même : « le contrat d’assurance souscrit par l’Administra­tion

des Domaines inclut les tempêtes et coups de mer de sorte que les dommages immobilier­s seront indemnisés. » Le Conseil national a émis, hier soir, un communiqué de presse dans lequel il indique qu’il « va se saisir de ce sujet pour étudier la possibilit­é, en concertati­on avec le gouverneme­nt, d’adapter la législatio­n à ce genre de situation dramatique et permettre, par exemple, la reconnaiss­ance d’un statut de catastroph­e naturelle, qui serait pris en compte par les compagnies d’assurances. »

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(Photo L.M.) Dès mardi, les représenta­nts de l’État étaient au Larvotto pour estimer les dégâts.

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