La liesse après l’Armistice du -Novembre
Retrouvez comme chaque samedi, la rubrique d’art et d’histoire du pays mentonnais
novembre : Une grande messe a lieu en l’église SaintMichel à la mémoire des soldats morts pour la Patrie. La foule est importante. Sont présents des élus, les familles des soldats « morts au champ d’honneur » , sociétés locales, patriotiques ou celles des colonies italienne et belge. Les hampes des drapeaux sont cravatées de crêpe noir. 4 novembre, l’Autriche-Hongrie demande l’armistice à l’Italie. La population italienne, très présente, laisse éclater sa joie. N’est-ce pas le prélude qui augure d’un heureux dénouement pour la fin de la guerre contre l’Allemagne ? Lundi 11 novembre 1918, 1 561e jour de guerre, fête de la SaintMartin, un temps de Toussaint qui se prolonge, enveloppe Menton. Personne ne le sait encore, l’armistice vient d’être signé à 5 h 15 par l’Allemagne au bénéfice des alliés, cela dans le wagon du généralissime Foch, clairière de Rethondes, forêt de Compiègne. Quelques journaux, anticipant cette nouvelle, l’annoncent dans leurs éditions du matin ; 11 heures, sur toute la ligne de front, le clairon retentit pour annoncer la fin de la guerre. Puis, le silence… un silence complet… inconnu depuis plus de quatre ans…
« On va revoir nos hommes, ces braves »
À Menton, à la même heure et comme partout en France, les cloches du Campanin et toutes celles du pays mentonnais carillonnent à la volée. La liesse est immense mêlée à un sentiment de tristesse (des larmes sincères font leur apparition en pensant à tous ses malheurs endurés). Dans un tourbillon patriotique, la rumeur parcourt la ville haute, le marché… tous les quartiers et les vallées. Elle reprend ce leitmotiv «enfin, on va revoir nos hommes, ces braves ! » C’est la fin de l’abominable tragédie… Combien vont-ils revenir ? (DR) Et pour certains, dans quel état ? La mairie, les monuments, le port et la gare PLM sont pavoisés à la hâte de drapeaux français, américains, anglais et belges. Notre ville a-t-elle déjà reçu une aussi éclatante décoration spontanée ? Beaucoup ont cessé le travail. Dans la rue on s’étreint, on se congratule, on s’embrasse. Les klaxons à poire entament une aubade, surtout ceux des camions américains qui circulent dans le centre-ville. Ils sont remplis des « enfants de l’Oncle Sam » en fin de convalescence. Ils paradent. Leur point de ralliement festif est le Casino Kurssal, cela depuis que l’hôpital américain s’est installé à l’Orient Palace en octobre. Le staff médical, venu des USA, alimente en jeunes Yankees, qui y sont opérés, sept autres palaces mentonnais loués pour leurs hospitalisations temporaires. D’autres hôtels et palaces accueillent des militaires français, la ville est devenue un vaste hôpital. Ce 11 novembre, des tirailleurs africains et malgaches, font « la nouba » entre Menton et Roquebrune-Cap-Martin, les Serbes (orphelins, étudiants, aveugles et militaires hospitalisés) sont éparpillés sur Garavan. Le soir, aux sons des accordéons, des flûtes et des tambours, des « baleti », vont rassembler la population où chacune/chacun va laisser éclater sa joie avec une intensité patriotique qui se libère, tonitruante, cela jusqu’à tard dans cette première nuit de Paix…