Nice : hypers et supérettes élargissent les horaires
Certains sont ouverts jusqu’à 22 heures, d’autres à minuit et tous multiplient les services. Pour coller aux attentes des clients qui veulent acheter quand ils le désirent. Explications
Les hypermarchés comme les supérettes se sont lancés, depuis des années, dans la bataille des ouvertures tardives. Et pas qu’à Paris ! À Nice aussi où la tendance est à l’allongement des horaires d’ouverture en semaine. Avec des grandes surfaces fermant à 22 heures quand d’autres supérettes, notamment les Monop’, enseigne du groupe Casino, bouclent à minuit comme ceux de la place Masséna et de la gare Thiers. « Au niveau des horaires d’ouverture, c’est un vrai sac de noeud, confirme Dominique Laroche, membre de la Fédération du commerce de la CGT à Nice. Ils varient en fonction de l’enseigne, de la taille du magasin, de son emplacement en zone touristique internationale ou pas, de la période de l’année… »
Vers une consommation à toute heure ?
Même la pause dominicale, autrefois respectée, saute. «Aujourd’hui, tous les hypers sont ouverts le dimanche matin, pointe cette militante de la CGT, syndicat opposé au travail le dimanche, qui affiche trente ans de carrière dans la grande distribution. Vous verrez, à terme, cela deviendra un jour ouvré comme les autres… » Pour la Fédération du commerce et de la grande distribution (FCD), organisme professionnel regroupant une cinquantaine d’enseignes en France, ces ouvertures tardives sont une nécessité : répondre aux consommateurs dont les besoins ont évolué, en raison d’une vie qui s’est complexifiée. En raison de rythmes de travail différents voire décalés, des temps de transports plus longs… Résultat, les consommateurs ont tendance à étaler leurs achats pour faire leurs courses quand ça leur chante et les arrange. À charge pour les commerces et la grande distribution de s’adapter en multipliant les services (achats en ligne, drive, livraison à domicile etc.) pour ne pas perdre cette clientèle. Selon une étude réalisée en juillet par la FCD, 74 % des Français interrogés veulent pouvoir faire leurs courses à n’importe quelle heure, même le dimanche.
« Quelle société allons-nous léguer à nos enfants ? »
D’où ces ouvertures tardives dans la grande et moyenne distributions arrêtées par des accords salariaux. Avec des heures de nuit facturées plus chères, des aides pour la garde des enfants, le remboursement de frais de taxis… Ce travail de nuit et le dimanche est proposé, dans les grandes et moyennes surfaces, aux personnels volontaires. Ceux voulant « travailler plus pour gagner plus ». Ici, le tarif du travail de nuit diffère
selon les enseignes, avec une majoration du taux horaire, de 25 % entre 21 heures et 21 h 15, à 100 % le dimanche. «À raison de 9,82 euros le tarif horaire brut, cela fait 2,45 euros en plus pour une heure de travail après 21 heures. À ce comptelà, les volontaires sont des personnels précaires, c’est-à-dire des étudiants, des salariés à temps partiel, souvent des femmes seules avec enfants ayant besoin de
mettre du beurre dans les épinards », constate Miranda Lorenzo. Selon cette déléguée syndicale CGT à Monoprix Garibaldi, derrière ces ouvertures tardives pointe un autre problème: « Quelle société allons-nous léguer à nos enfants ? Un monde déshumanisé dans lequel les clients passeront, de jour comme de nuit, par des caisses automatiques pour scanner et régler leurs courses avec leur téléphone
portable ? Tout cela est en train de se mettre en place, doucement. » Si les caisses automatiques ont fleuri, c’est selon la FCD pour une autre raison : s’adapter à ces modes de consommation élastiques pour combattre l’offensive du e-commercre sur Internet et sauver les magasins du centreville…