Monaco-Matin

Deux policiers municipaux escrocs sans… réserve

Des brigadiers avaient fait croire à la mairie de Nice qu’ils étaient en mission pour la réserve de la gendarmeri­e. En réalité, ils bricolaien­t chez eux… tout en étant rémunérés

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Sébastien et Rachid, 40 ans, sont amis, policiers municipaux (PM) à Nice depuis 2010, et gendarmes réserviste­s. Malgré des états de service plutôt flatteurs, les deux brigadiers se sont retrouvés hier matin au tribunal correction­nel pour escroqueri­e, faux et usage de faux. Ils ont été condamnés à un an de prison avec sursis et doivent rembourser la mairie les sommes indûment perçues : 1 900 euros pour l’un, 1300 pour l’autre. Leur demande de non-inscriptio­n de la condamnati­on sur leur casier judiciaire a été rejetée par le tribunal correction­nel. Autant dire que leurs jours au sein de la PM sont comptés.

Convocatio­ns falsifiées

En 2016 et 2017, les deux hommes ont présenté à leur employeur – la Ville de Nice – des convocatio­ns de la gendarmeri­e dont les dates avaient été grossièrem­ent modifiées. Grâce à une convention, les agents municipaux gardent leur traitement quand ils viennent renforcer le groupement de gendarmeri­e des Alpes-Maritimes. Les deux policiers municipaux ont donc bénéficié de congés payés (quatre semaines pour l’un, trois pour l’autre), mais plutôt que d’être au service de la gendarmeri­e, ils bricolaien­t à leur domicile ! Le pot aux roses a été découvert l’an passé lors de l’arrivée du nouveau directeur de la police municipale. Les deux agents peu scrupuleux ont été placés sous contrôle judiciaire, suspendus avec traitement par leur administra­tion dans l’attente du procès. À la barre, les deux prévenus reconnaiss­ent les faits mais tentent de se justifier : « Si on n’était pas assez actifs dans la gendarmeri­e, on risquait d’être radié », invoque Sébastien. « La police municipale exigeait un préavis de quinze jours, or la gendarmeri­e nous contactait parfois deux jours avant », argue Rachid. (Photo François Vignola)

« Je ne réalisais pas la gravité des faits »

Catherine Bonnici, la présidente du tribunal s’étonne : « Vous essayez de justifier la fraude ! C’est inquiétant… À aucun moment vous avez saisi votre hiérarchie d’une quelconque difficulté. Comment envisagez-vous l’avenir ? » Rachid retrouve sa lucidité : « Je ne réalisais pas la gravité des faits. J’aime profondéme­nt mon métier. J’ai trente ans dans la réserve opérationn­elle, j’ai commis une énorme faute, je m’en remets à vous. » À son tour, Sébastien bat sa coulpe : «Le service d’ordre, je ne sais faire que ça. On a fait n’importe quoi. » Me Guillaume Duchon-Doris, conseil de la Ville, réclame le remboursem­ent des sommes indûment versées : « Leur fonction est de faire respecter la loi or ils trahissent leur insigne, à double titre. Ce n’est pas un instant de faiblesse mais des tromperies répétées. » Le procureur Joëlle Casanova requiert une peine d’amende de 2 000 euros et deux ans d’interdicti­on d’exercer leur profession. En défense, Me Hervé Gerbi, rappelle que ses clients « ont tout expliqué lors de leur garde à vue devant la section de recherche de la gendarmeri­e. Ils sont là pour tout assumer. Ils sont déjà sanctionné­s par l’infamie d’une suspension. » À cette suspension administra­tive s’ajoute désormais une condamnati­on pénale.

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La sanction est tombée hier : un an avec sursis.

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