Monaco-Matin

LIGUE  JOURNÉE) / NICE - AMIENS ( HEURES) « Finir e, ça nous allait »

Formé au Gym, René Bocchi a porté le maillot des Aiglons jusqu’en 1981. Il n’a rien oublié

- VINCENT MENICHINI

René Bocchi est un visage bien connu du quartier de la “Libé”, où il tient un restaurant en compagnie de Laurent, l’un de ses deux fils. Juste avant notre passage, Roger Ricort était passé ‘’faire la baieta’’ à “Néné”. La semaine dernière, c’est Jean-Philippe Mattio qui avait déjeuné à la Cave Veillon , ce haut-lieu de la Nissartitu­de, où les soirs de matchs sont très animés. René, lui, guette les plus fervents au coin du zinc. Avec calme et recul. Or, quand il parle foot, il fait mouche, sans jamais jouer les vieux combattant­s. Les aigris, les jaloux, très peu pour lui. Certains clients, surtout les plus jeunes, ne se doutent pas qu’il a été le premier “Petit Prince du Ray”, celui de Las Planas, où il a grandi, bien avant Daniel Bravo qui a hérité du surnom. Attaquant de formation, il a débuté au milieu des stars, au coeur des années , les plus belles du Gym selon ceux qui squattaien­t le Ray à l’époque. René Bocchi a joué  matchs de D en rouge et noir. Il a marqué  buts. Il a ensuite joué à Lille, Lyon et à Bastia, ne laissant que de bons souvenirs. Rien d’étonnant pour tous ceux qui connaissen­t sa droiture, son humilité et sa passion pour le foot. C’est Monsieur Bocchi !

Le coéquipier le plus impression­ant Il y en a deux : Roger Jouve et Slavo Muslin avec qui j’ai joué à Lille. Roger savait tout faire au milieu, un vrai phénomène. Il attaquait, il défendait, techniquem­ent, c’était très fort. Un top joueur qui savait également mettre le pied quand il le fallait. Je pense qu’il aurait pu avoir une carrière encore plus brillante. Il a dû partir à Strasbourg pour gagner le titre. Pour moi, c’était le meilleur. On n’était pas en concurrenc­e. A mes débuts, je jouais devant. Quant à Muslin, personne ne le connaissai­t quand il a débarqué à Lille. On a très vite accroché. C’est devenu plus qu’un ami. Sur le terrain, c’était un monstre et dans la vie, un Monsieur. On est toujours proche. En tant que coach, il a également fait l’unanimité. C’est un mec droit, de parole, ça me plaît.

Le Gym des années  Quand je débute, il y a une équipe de fous, que des internatio­naux. J’ai eu de la chance de jouer à cette époque. Il y avait des mecs bien comme Adams. Les meilleurs joueurs étaient à Nice. Ce groupe vivait bien ensemble... Hélas, on n’a rien gagné. Quand on finissait deuxième, on trouvait ça pas mal. A  ans, René Bocchi (ici, en compagnie d’Andrea, son petitfils) est propiétair­e de la Cave Veillon, dans le quartier de la Libération à Nice. (Photos Ph. C. et V.M.) Guillou était un romantique mais attention il pouvait être ‘’chiant‘’ à l’entraîneme­nt. Il jouait pour se faire plaisir mais les petits jeux, il ne voulait pas les perdre. Lui aussi était très fort.

Le joueur le plus fou Lacuesta était pas mal dans son genre. Oui, Félix, il pouvait faire des trucs de dingue. Je ne peux tout raconter par contre (il se marre). Je l’ai connu en équipe de France juniors avec les Zambelli, Larios. Il était fort mais fou... A tout moment, il pouvait péter un câble.

L’adversaire le plus méchant J’en ai joué pas mal (il sourit)... Cela m’a forgé d’entrée. Bernard Boissier, Cazes à Bastia. J’ai commencé ma carrière face à ces technicien­s (rires)... C’était violent parfois, mais il n’y avait pas de coups en douce. C’était de face. Ces gars-là n’étaient pas des tordus. René Girard mettait beaucoup d’impact, Didier Christophe aussi. On se filait pendant les matchs mais après

c’était oublié. Domenech voulait impression­ner mais je n’en garde pas de mauvais souvenirs. Baeza, son compère à Lyon, était plus dangereux. Certains tacles ne seraient plus homologués aujourd’hui. Quand tu voulais choper quelqu’un, tu pouvais (rires)... Il n’y avait pas toutes ces caméras, etc.

Le coach marquant Albert Batteux... J’ai eu le privilège d’avoir des coachs de renom comme Robert Herbin, Markovic, José Arribas à Lille... J’ai toujours eu des bons rapports avec mes entraîneur­s. J’étais cool dans un groupe, pas compliqué à vivre.

L’équipe de France En , j’étais en pleine bourre. J’avais  ans. Mais bon, en équipe de France, il y avait Platini, Giresse, Tigana, Fernandez, Genghini... Je n’aurais pas la prétention de dire que j’arrivais juste derrière eux. Il y avait beaucoup de bons milieux français à cette époque. Je n’ai jamais cru faire la Coupe du monde . Mon plus grand regret, c’est de ne pas avoir gagné un titre avec Nice. Cela me tenait à coeur. On a eu la chance de terminer deuxième, de jouer l’Europe, mais c’était l’UEFA. En , je n’ai pas joué la finale de la Coupe de France contre Nancy car j’avais eu un accident de voiture un mois plus tôt. Léon Rossi avait gardé son équipe pour la finale. Cela arrangeait tout le monde. La propositio­n était belle pour Nice et pour moi. Le prix de mon transfert ?   francs (  euros). Je ne suis pas parti pour le soleil (rires). J’aurais préféré que Nice fasse un effort pour me garder, mais j’étais le « petit » du club. On fait souvent des efforts pour ceux qui viennent de l’extérieur. C’est partout pareil. Les clubs ont souvent tendance à piocher ailleurs alors qu’ils ont des jeunes qui peuvent faire l’affaire. Mais je n’ai aucun regret car j’ai connu de belles choses à Lille, Lyon et Bastia où j’étais très bien considéré.

Le premier “Petit Prince” C’est Julien Giarrizzi (journalist­e à Nice-Matin) qui m’a surnommé “Le Petit Prince de Las Planas”. C’était mon quartier... Il y avait Fleury Di Nallo à Lyon et moi (sourires)... Bon, au bout d’un moment, je ne ressemblai­s plus vraiment au petit prince. A  ans, j’avais les cheveux longs, etc. Je leur ai dit qu’il y avait Daniel Bravo pour prendre la relève (sourires).

L’OGC Nice en  C’est vraiment bien ce qui est fait. Mon stade, c’est le Ray mais il fallait déménager. Ça ira mieux avec le tram. Tout ne peut pas être parfait en cinq minutes... C’est devenu un club cohérent. On recrute de sacrés joueurs quand même ces derniers temps, des garçons qu’on n’aurait pas imaginé à Nice. On a eu des coachs de renom avec les Puel, Favre... Un Vieira, ce n’est pas rien. Le club est en lumière. J’aime bien un garçon comme Jallet. Je les vois finir entre la et la place.

Mario Balotelli J’aurais aimé jouer avec lui parce qu’il est très fort. C’est un gars qu’on doit prendre comme il est. Quand je l’observe, je le trouve souvent très propre techniquem­ent. Son toucher de balle, c’est la classe. Ses passes sont différente­s de beaucoup d’autres joueurs. Son côté nonchalant ne me dérange pas, à condition qu’il te fasse gagner des matchs.

L’attachemen­t au Gym Je suis Niçois, donc ça va de soi... Mais je ne suis pas du genre à le clamer haut et fort. Les soirs de match, je suis dans la mesure. J’apprécie le beau jeu. Je ne suis pas dans la critique gratuite. Je n’ai pas envie de faire le donneur de leçon, le vieux soldat. Parfois, c’est la foule à la Cave. Il fallait voir l’année où on joue la première place (-). Contre Paris, on ne pouvait plus bouger dans le restaurant. Je reste dans mon coin, j’observe.

Jouve, c’était un phénomène. Il savait tout faire.” Nice est devenu un club cohérent”

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 ??  ?? Le départ de Nice pour Lille en ...
Le départ de Nice pour Lille en ...

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