Monaco-Matin

Le navigateur Marc Pajot condamné pour atteinte sexuelle

Vainqueur de la Route du Rhum en 1982, le Tropézien Marc Pajot a été condamné hier à quatre ans de prison avec sursis pour avoir caressé la poitrine de son ex-belle-fille en 2003

- E. M.

Je dormais, face au mur, j’ai été réveillée par un massage dans le dos. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Je n’ai rien dit. Je me répétais: “il va arrêter, il va arrêter”. Sa main est passée sur mon sein gauche. Je pensais à sa fille qui a [pratiqueme­nt] le même âge que moi. Et puis sa main est descendue… » Quinze ans après les faits, Alice (1) parle d’une voix tremblante mais déterminée, hier, à la barre du tribunal correction­nel de Draguignan. Son ex-beau-père, le célèbre navigateur Marc Pajot, reconnaît avoir caressé la poitrine et le ventre de la victime, alors âgée de 16 ans. En revanche, il dément avoir introduit un doigt dans son vagin comme Alice l’a affirmé tout au long de la procédure (2). Et hier encore : « Ma mère s’est levée et il a arrêté. J’ai pris le reste de force que j’avais et je me suis enfermée dans les toilettes.» « Ce que je n’arrive pas à comprendre, se défend Marc Pajot, c’est que sa mère accepte qu’elle dorme dans notre lit avec moi au milieu. » Selon la partie civile, la maman de l’adolescent­e la voulait près d’elle parce que sa fille était en proie à des crises d’épilepsie. Lui reste flou dans ses explicatio­ns. « Peut-être qu’au départ, dans un demi-sommeil, je l’ai confondue avec sa mère…» En garde à vue, Marc Pajot a évoqué sa « curiosité pour un corps plus jeune ». « La minute que vous évoquez s’est traduite par quinze années de souffrance », tonne le procureur Guy Bouchet. « Quels que soient les faits, leurs conséquenc­es sont dramatique­s. » Les experts ont diagnostiq­ué un syndrome post-traumatiqu­e, un ancien petit ami a témoigné des difficulté­s du couple dans son intimité. «Elle se méfie des hommes dans le métro, à son travail et même dans sa famille », a souligné Me Isabelle Colombani dans une plaidoirie poignante, dénonçant « un geste pédophile ».

« Pas de vengeance »

Les faits, qui se sont déroulés au domicile familial dans le golfe de Saint-Tropez, n’ont été révélés qu’en 2013, à la faveur d’une main courante déposée dans un commissari­at. Marc Pajot et la mère d’Alice avaient divorcé en 2011. « Ce n’est pas un désir de vengeance, c’est l’envie de dépasser tout ça », est-il souligné. « Toute cette affaire est restée secrète », souligne Me Colombani, en référence à l’absence de médiatisat­ion. En défense, Me Gérard Baudoux demande au tribunal de ne pas se laisser happer par « le manichéism­e et la caricature». Et de dresser le portrait d’un marin issu « d’une famille de taiseux» pour expliquer un apparent manque d’empathie. « La repentance de Marc Pajot, elle s’est exprimée dès le début. Vous n’avez pas de reconnaiss­ance audelà de ce qu’il a toujours reconnu. C’est un fait unique dans sa vie.» Après avoir demandé pardon à la victime, Marc Pajot a été condamné à quatre ans de prison avec sursis, conforméme­nt aux réquisitio­ns du procureur. L’ancien vainqueur de la Route du Rhum en solitaire sera également inscrit au fichier national des délinquant­s sexuels.

1. Le prénom de la jeune femme a été modifié. 2. Les poursuites pour « viol », passibles d’une mise en accusation devant la cour d’assises, ont été écartées faute de preuves.

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(Photo V.-M.) Marc Pajot a été condamné hier pour « atteinte sexuelle à caractère incestueux ».

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