Monaco-Matin

Haro sur le féminisme du buzz

- THIERRY PRUDHON

Membre du bureau politique des Républicai­ns, Lydia Guirous est connue pour sa liberté de parole. Elle appelle à retrouver « le vrai sens du féminisme», à rebrousse-poil d’un « néo-féminisme devenu une lamentable et hypocrite police de la pensée ». D’entrée, le ton est donné ! L’auteur d’Allah est grand, la République aussi a une boussole : Elisabeth Badinter. Elle invite à reprendre son flambeau universel pour refuser le féminisme des « non-sujets », dont l’écriture inclusive ou la volonté de remplacer la fraternité de notre devise par l’obscure « adelphité » sont, à ses yeux, les plus pathétique­s dérives. « Les féministes se comportent en comptables : nombre de femmes sur nos écrans, au Parlement, dans les livres d’histoire. Elles se comptent entre elles dans un entre-soi stérile qui les éloigne du sens originel de leur action. » Elle ne se résout pas à un « féminisme du buzz, qui dessert les femmes en les caricatura­nt » et « ne pipe mot quand le combat pour les droits des femmes est détourné pour servir l’enfermemen­t qui promeut l’inepte et antinomiqu­e féminisme islamique ». Les enjeux sont, liste-t-elle, ailleurs: en Amérique latine où une fausse couche peut transforme­r en criminelle, au Pakistan où la violence sur les femmes reste légitime, en Inde où les plus pauvres commercial­isent leur utérus, une grossesse pouvant rapporter l’équivalent de dix ans de travail, en Afrique où perdure l’excision... Chez nous également, où le voile est imposé à des fillettes, où les IVG augmentent chez les - ans, où de jeunes filles se font reconstrui­re l’hymen pour entretenir l’illusion sur leur virginité. « L’islamisme est le premier péril pour le droit des femmes. Défendre la place des femmes, c’est défendre la laïcité », martèle Lydia Guirous, qui engage aussi au combat pour un égal accès à l’IVG dans toute l’Europe.

Le suicide féministe, Editions de l’Observatoi­re, 157 pages, 17 euros.

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