Valdeblore: la chasse au sanglier source de tensions
Le maire souhaite ouvrir une réserve aux battues pour lutter contre l’animal. « Danger », selon la société de chasse, au vu de la proximité des habitations
Au départ il y a les sangliers. Trop de sangliers. À Valdeblore, l’animal a pris pour habitude de se réfugier dans la petite réserve de chasse – où le gibier est protégé – de la Raya, située sur les hauteurs du hameau de Saint-Dalmas. Et il prolifère, au désarroi d’une partie du village. «Ils esquintent tout. J’ai reçu des lettres de propriétaires qui en avaient marre, charge le maire, Fernand Blanchi. Moimême ils ont bousillé ma propriété sur 2 ou 3000m². Ce que je demande c’est qu’on ouvre la chasse dans la réserve, pour repousser le sanglier. » Problème, il y a aussi une quarantaine d’habitations. La société de chasse (SdC) locale, décisionnaire, s’oppose. Et pas qu’un peu. En juin, le conseil d’administration a voté à l’unanimité contre cette proposition soulevée par un groupe de chasseurs et reprise par le maire.
Tirs « vers les maisons »
Le président de la SdC de Valdeblore, Jacques Guigonis parle de « dangerosité ». « C’est farci d’habitations. En plus de ça, il y a un chemin de Grande-Randonnée et une route touristique qui mène au lac des Millefonts. Ce serait un danger pour les habitants, les promeneurs, les VTT… » Il ajoute que la déclivité du terrain fait que les tirs se feraient « en direction des maisons ». Surtout, il rappelle que le sanglier est considéré comme du gros gibier, au (DR) même titre que le chevreuil ou le cerf. Conséquence : des fusils à gros calibres. «Les tirs ont une portée à 1 ou 2 kilomètres. Alors qu’il y a des habitations à 100 mètres de la route… Avec tout ce qu’on dit sur les chasseurs en ce moment, on ne va pas se tirer une balle dans le pied. Tant que je serai président, je ne prendrai pas la responsabilité de justifier l’injustifiable ».
Persévérence
L’histoire ne s’arrête pas là. Devant ce refus, le maire a cherché du soutien auprès de la DDTM, dans un courrier envoyé le 13 août. Il y est seulement question de la partie nord de la réserve, où il n’y a pas d’habitation. Au vu de sa persévérance, des habitants ont lancé une pétition, le 29 août. Son instigateur, Alain Montal, habite la zone concernée. « Je suis propriétaire d’un chalet situé à 250 mètres de la zone où la chasse serait ouverte. Certains sont à 50 mètres. Non seulement ça nous inquiète, mais on est prêts à porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, si ces intentions se concrétisent. » Alors que le maire se montre confiant dans les règles de tir à respecter (orientation, distance etc…) le pétitionnaire, lui-même chasseur, est plus sceptique : « Vous savez ce que c’est, une battue. On ne respecte pas toujours les règles. Vous êtes plantés là pendant trois ou quatre heures et ça peut être difficile de maîtriser son excitation ».
« Tout bousiller »
«S’ils sont contre cette idée, eh bien on laissera le sanglier tout bousiller», souffle le maire, Fernand Blanchi, qui dit ne pas avoir reçu la pétition. Il assure vouloir éviter la polémique et appelle au dialogue: « Je suis pour une solution intelligente, du moment qu’on repousse le sanglier». Ce qui devrait se limiter à des battues ponctuelles encadrées par la préfecture.