Monaco-Matin

Prison ferme pour l’auxiliaire de vie voleuse

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Le tribunal correction­nel a déclaré coupable l’auxiliaire de vie employée par une société monégasque de services à la personne de la Condamine. Pour des faits d’abus frauduleux de l’état de vulnérabil­ité ou de dépendance, elle a été condamnée à une peine de huit mois de prison ferme. » Le délibéré, lu par le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e en début d’audience, a rappelé le comporteme­nt inadmissib­le d’une quinquagén­aire qui avait détourné, entre septembre 2015 et avril 2016, la somme de 15 316 euros sur les comptes d’un retraité dépendant de la Principaut­é dont elle s’occupait [lire nos éditions du vendredi 2 novembre]. C’est la fille de la victime qui avait dénoncé les faits. Elle s’était étonnée de constater plusieurs retraits d’argent et des montants de chèques litigieux sur les relevés bancaires de son père, à la Banque postale et au CFM. Ils ne correspond­aient nullement aux dépenses courantes. Pourtant, au cours de l’enquête, l’aidante réfutait toute malversati­on car ses retraits découlaien­t d’un accord verbal concernant le règlement d’heures supplément­aires au black. Il n’était autrement question que de paiements de droit, voire des dédommagem­ents financiers.

Une prévenue dans la nature

Mais les débats, en l’absence de la prévenue disparue des écrans radar depuis son interrogat­oire à la Sûreté publique, font apparaître la facilité avec laquelle cette femme se servait directemen­t dans les économies du bénéficiai­re de service. Elle utilisait la carte bancaire du retraité avec le code afin de faciliter le paiement d’achats quotidiens. D’autre part, un premier chèque de 3 800 euros avait été encaissé aux intérêts de la nièce de la prévenue. Puis, un autre de 4 300 euros versé, cette fois, sur le compte de l’intéressée. Tous ces mouvements d’argent avaient été faits avec l’accord de la famille, d’après les déclaratio­ns de l’auxiliaire de vie aux inspecteur­s. Elle n’avait jamais (Photo illustrati­on Michael Alesi)

abusé de la faiblesse du personnage… Mais qu’en était-il des multiples retraits de 20 euros à 400 euros ? Pour la quinquagén­aire tout était fait dans la plus grande transparen­ce afin de s’indemniser des dépassemen­ts d’horaires. Comme les chèques laissaient des traces, elle remplissai­t le formulaire et le détenteur du compte le signait chaque fois. Alors, à quoi correspond cette somme de 3 800 euros déposée à la banque de l’intéressée ?

  euros mensuel

C’était pour s’acheter une voiture. Elle avait demandé un crédit qu’elle s’engageait à rembourser chaque mois. Quand on sait que son « protégé » était malvoyant, avec des capacités cognitives au plus bas, gravement dépressif et des idées suicidaire­s, combien de couleuvres a-t-elle pu lui faire avaler… Soi-disant le décompte journalier de ses heures supplément­aires était notifié sur un calepin pour se justifier envers la famille. On ne l’a jamais retrouvé… Le procureur Alexia Brianti s’était livrée à un petit calcul du coût de cette référente principale, présente, disponible et dévouée. Une addition plutôt salée: 14150 euros de chèques ; 5 560 euros de retraits par carte bleue; 1116 euros d’achats divers. Sur un total de 15 316 euros cela fait du 3 284 euros mensuel. Normalemen­t, les heures supplément­aires n’excédaient pas les 800 euros à 1 000 euros chaque mois d’après la prévenue… Il était requis un an ferme avec mandat, d’arrêt. Finalement, le tribunal a réduit la peine à huit mois.

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Absente à la barre, la prévenue a avancé un accord avec la famille lors de son interrogat­oire.

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