Ivre et volage, elle invite des inconnus chez elle et se fait dévaliser
La serveuse d’un restaurant de la Condamine, ivre au point d’inviter quatre inconnus éméchés rencontrés à la fête foraine dans son appartement, a vite regretté d’avoir cédé aux lois hasardeuses de l’hospitalité. L’instant aurait pu être amical mais, parmi les ardents anonymes, l’un a préféré s’exclure de lui-même du cercle des intimes. Pendant qu’un trio accompagnait la jeune femme dans sa chambre, ce jeune homme de 19 ans en profitait pour dévaliser le logement en emportant téléphone, argent, stupéfiants… Entretemps, les voisins, agacés par le tapage nocturne, ont alerté les policiers. Le prévenu a comparu mardi, menotté dans le box, à l’audience de flagrance, pour vol, détention de stupéfiants et d’une bombe lacrymogène. Pourtant, au moment de débarquer en Principauté vers midi, en provenance de Salon-de-Provence, les intentions de ce mécanicien célibataire se limitaient au divertissement de la foire…
« Vous pensiez qu’elle ne s’apercevrait de rien ? »
À la suite de ses infractions, les inspecteurs n’ont pas tardé à le localiser sur le port Hercule. Fouillé, il avait dans ses poches une somme de 575 euros, 4,84 g de cannabis (Illustration J.-F. Ottonello)
et 2,48 g d’herbe plus l’arme de catégorie C. « Quand la jeune femme retrouve ses esprits, note le président Florestan Bellinzona, elle fait part de la disparition de 700 euros en numéraire, un chèque à l’ordre du restaurant, des lunettes de soleil, un téléphone portable, un instrument de musique… Vous aviez pioché dans l’enveloppe qui contenait la recette de l’établissement. Pourquoi ? » Le coupable donne une seule explication : «C’était une erreur…» Le magistrat suppute plutôt la bonne combine. «Comme elle était tellement alcoolisée, vous pensiez qu’elle ne s’apercevrait de rien ? Elle vous invite dans son appartement ! Vous acceptez et vous la dépouillez. Qu’espériez-vous ? » Réponse laconique : «Rien…» Le président a déploré l’absence des plaignants à la barre. Leur version des faits aurait permis de mieux cerner le comportement du fautif. Même s’il reconnaît sa culpabilité. D’emblée, dans ses réquisitions, le premier substitut Cyrielle Colle, après un bref rappel du dossier, souligne la prochaine comparution, devant ce même tribunal, des trois autres personnages. « Ses amis ont commis de petits vols et ils ne détenaient pas de stupéfiants. Mais on ne les oubliera pas ! En revanche, le prévenu a profité que la victime était bourrée et entreprenante pour faire main basse sur tout ce qui traînait ! Le lendemain, le propriétaire de la recette a dénoncé le vol et indiqué le montant approximatif contenu dans l’enveloppe plus le chèque. Le voleur avait partagé à sa manière : 40 euros pour un ami, 80 euros à l’autre… »
« Elle s’absente dans sa chambre pour des raisons obscures »
Et de poursuivre: «Comme vous déteniez votre propre argent, après un rapide compte vous avez dérobé au moins 450 euros. Plus les stupéfiants. Pour ce vol d’opportunité, le prévenu doit être sanctionné lourdement. Même avec l’absence d’antécédents judiciaires. On ne comprend pas ce qui s’est passé dans sa tête. Laissez-lui le doute d’incompréhension. Prononcez une peine de six mois que vous assortirez du sursis. » La défense de Me Xavier-Alexandre Boyer va emboîter le pas aux demandes du parquet afin d’empêcher toutes volitions possibles du tribunal vers une peine ferme. « Ce jeune de 19 ans reconnaît avoir volé l’argent, dérobé les stupéfiants chez la serveuse, quand elle s’absente dans sa chambre pour des raisons obscures. Pour faire de la musique parait-il ! Il a pris l’argent en ignorant que c’était la recette du restaurant. Il est désemparé et ne peut expliquer son geste irréfléchi. Il a déjà manqué deux jours de travail. Le sursis est adapté… » Le tribunal prononcera une condamnation de trois mois d’emprisonnement avec sursis et la confiscation des scellés.