Monaco-Matin

«L’Etat met un coup d’arrêt aux spectacles d’humour»

Gil Marsalla, du syndicat des producteur­s français (Prodiss)

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Le monde du spectacle vivant est vent debout. En cause: l’amendement tout juste adopté par l’Assemblée nationale, qui réforme les crédits d’impôts accordés à la culture en France. Exit les spectacles d’humour et comédies musicales, alors que la télé-réalité pourra, elle, en bénéficier. De quoi susciter incompréhe­nsion et colère chez les producteur­s de spectacles, qui demandent un maintien du système actuel. À l’instar du Niçois Gil Marsalla, producteur à succès (Piaf! le spectacle, Formidable!, Les plages du rire...).

En quoi consiste ce crédit d’impôt dont bénéficie le spectacle vivant?

Un crédit d’impôt «phono» existe déjà pour les disques. Notre syndicat avait demandé à ce que le spectacle bénéficie du même crédit d’impôt. Cela permettait aux producteur­s et aux artistes d’être mieux rémunérés pour le live, qui représente l’essentiel des rentrées d’argent aujourd’hui. Lancé en , ce crédit d’impôt ( % des dépenses) a très bien marché. Il a bénéficié à plus de   représenta­tions, et constitue une très belle opération financière pour l’Etat: pour  euro investi, c’est , euros en recettes fiscales sociales. Grâce à cette bouffée d’oxygène, le spectacle a repris toute sa vigueur. Jamais on n’a vu autant de tournées en France! On ne comprend pas pourquoi l’Etat revient dessus. En quoi «le gouverneme­nt sacrifie le spectacle français», comme le dénonce votre syndicat? L’Etat a décidé de retirer de ce crédit d’impôt les spectacles d’humour et les comédies musicales. Dans le même temps, il en accorde à la télé-réalité.

Quel peut être l’impact?

Il est très clair: à mon niveau, sans cette aide, il est impossible de développer de jeunes humoristes! Il va y avoir un coup d’arrêt au développem­ent d’artistes d’humour et aux comédies musicales, au moins telles qu’on les connaît actuelleme­nt.

Comment réagit la profession? Tous les producteur­s français sont atterrés. Ils veulent comprendre cette décision, qui va à l’encontre des intérêts du public. On donne un mauvais signal au développem­ent de talents, alors qu’on soutient des émissions de télévision qui ne représente­nt pas l’idée que je me fais de la culture... Cela ne m’empêchera pas de continuer à faire ce que je fais depuis dix ans: développer des artistes tels que Anne Carrère [Piaf! le

spectacle, ndlr] ou Jules Grison [Formidable!], avec lequel je reviens d’une tournée triomphale au Canada. Cela montre bien que, quand le talent est là, le succès est là!

 ??  ?? Pourtant, les humoristes sont les spectacles les plus demandés en France! On a du mal à suivre... On a l’impression que cela a été fait en catimini, sans concertati­on avec les producteur­s de spectacles vivants. Cela traduit une méconnaiss­ance totale du métier de producteur.
Pourtant, les humoristes sont les spectacles les plus demandés en France! On a du mal à suivre... On a l’impression que cela a été fait en catimini, sans concertati­on avec les producteur­s de spectacles vivants. Cela traduit une méconnaiss­ance totale du métier de producteur.

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