Monaco-Matin

LIGUE  - OGC NICE Fred Gioria : « Avec Vieira,

Entraîneur adjoint depuis 2011, il a travaillé avec René Marsiglia, Claude Puel, Lucien Favre et maintenant Patrick Vieira. Il nous parle de ces coachs avec qui il passe toutes ses journées

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Il est le numéro 2, l’adjoint, celui qu’on remarque sur le banc, mais qu’on ne voit pas sur la photo. Frédéric Gioria préfère les plans de jeu aux plans de carrière. Il est comme ça. Le club d’abord. Hier, nous l’avons rencontré pour qu’il nous parle de René Marsiglia, Claude Puel, Lucien Favre, Patrick Vieira et aussi un peu de lui. Un entretien de deux heures avec un homme authentiqu­e qui a le Gym dans la peau et un coeur gros comme ça. « René, Claude, Lucien et Patrick se retrouvent sur l’amour du jeu. Du beau football. Pour eux : joueurs et spectateur­s doivent prendre du plaisir. Ce sont quatre passionnés. Quatre hommes vrais avec qui il est bon de travailler, d’échanger. Aucun d’entre-eux ne pense à prendre la lumière sans la partager. Qu’est-ce qui les oppose ? La manière de diriger un groupe. Mais vous pouvez aller au feu avec les quatre. »

René Marsiglia et lui

René, je l’aimais. C’est avec lui que les liens étaient les plus forts. Une belle histoire. Une histoire d’hommes. J’ai joué avec lui, j’ai travaillé avec lui. Aujourd’hui, il me manque. Je donnerais tout pour entendre sa voix, sentir sa présence. Comme Roger Ricort, son frère d’âme, j’ai vécu sa maladie au quotidien. Il ne se plaignait jamais. Le matin, il était en chimio, l’après-midi, il dirigeait l’entraîneme­nt. Il était debout, digne, courageux. Parfois il était pourtant épuisé ou secoué par les effets secondaire­s. Malgré la maladie, il est l’homme qui a sauvé l’OGC Nice. Avec un autre coach, on serait descendu en L2, j’en suis persuadé. Le contexte était explosif. Il a réussi à unir Civelli et Digard qui ne s’entendaien­t pas bien. Il a fait accepter Anin et ses différence­s à tout le groupe. Il a échappé au coup d’état d’un joueur qui voulait sa tête, mais qui s’est très vite retrouvé seul. René gérait à l’affectif. C’était même trop. Il appelait les joueurs chez eux, leur parlait sans cesse, les rassurait, demandait des nouvelles de leur femme ou du petit. Ça n’aurait pas pu tenir sur le long terme. Mais il a rempli sa mission. »

Claude Puel et lui

J’avais l’image d’un coach dur, directif, défensif. Je me trompais complèteme­nt. Bien sûr, Claude Puel a tracé un cadre, avec des règles, mais il savait aussi lâcher du lest. Il ne se braquait jamais. La façon dont il a géré Hatem (Ben Arfa) est remarquabl­e. En quatre ans, je ne l’ai entendu ‘‘gueuler’’ dans le vestiaire que deux ou trois fois. Claude n’élevait jamais la voix. Même dans la tempête. Il était toujours d’un calme impression­nant. Il avait cette autorité naturelle qui fait que tout le monde l’écoute et le respecte. C’était le boss, mais quand il est arrivé, c’est lui qui s’est adapté au club. Claude avait du crédit et de l’expérience. Il protégeait toujours ses joueurs. Et cherchait à les faire progresser. Sur le terrain ou devant le tableau, il était obsédé par le jeu. Son but était de bien faire jouer l’équipe. Quand on cherchait un joueur, il insistait sur son intelligen­ce de jeu, ses déplacemen­ts. Lui ne réclamait jamais un milieu surpuissan­t ‘‘box-to-box’’. Il évoquait souvent le jeu au pied du gardien, les relances de derrière. Il détestait les grands dégagement­s. Il n’avait pas peur même quand les défenseurs, pressés, tentaient de relancer. D’ailleurs, il n’avait peur de rien. »

Lucien Favre et lui

Il gérait le groupe en bon père de famille. Lucien était bienveilla­nt. Les gars adoraient ça. Il leur laissait pas mal de liberté. Il faisait confiance aux joueurs. Son travail technique et tactique était très pointu. Il pouvait faire une séance individuel­le avec un défenseur ou un attaquant sur sa façon d’orienter le ballon. Lucien c’est un pragmatiqu­e. Avec lui, il fallait d’abord bien défendre avant de bien jouer. Après, il avait l’expérience et les compétence­s pour faire tourner une équipe et qu’elle joue bien au ballon. Il connaît le foot. Un profession­nel et un homme attachant. »

Patrick Vieira et lui

Je l’ai rencontré à New York quand le club était en contact avec lui. J’ai très vite compris qu’il était le meilleur choix pour le Gym. Je me retrouve dans sa façon de coacher, de gérer, de penser, de manager. Il est très proche des joueurs. Il peut plaisanter, les écouter et les entendre. Mais il a aussi mis des barrières. Le joueur qui n’entre pas dans le cadre reste dehors. Patrick a des principes. C’est quelqu’un de très intelligen­t. Il est aussi d’une humilité incroyable. Jamais il ne fait référence à sa carrière si riche soit-elle. Comme Puel, il a le souci du jeu. Comme Puel, il ne panique jamais, il ne subit pas. A la mi-temps des matchs, qui est un moment clé et surtout très délicat pour un coach, il a les mots qu’il faut, le ton juste. Il peut monter aussi le son. Plus que Puel et Favre. Il s’inspire pas mal de Pep Guardiola et Maurizio Sarri. Il peut évoquer Wenger ou Mourinho. C’est dire le niveau. Des quatre entraîneur­s avec qui j’ai travaillé, Patrick est celui qui s’arrête le plus sur la tactique. Il est très pointilleu­x là-dessus. Il aime avoir le ballon. Il aime la largeur. Il a des idées, des conviction­s. Avec Vieira, on ne s’est pas trompé : c’est le bon coach au bon moment.»

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