Essai : Maserati Levante GranSport
Sur le créneau des SUV sportifs, l’offre est pléthorique, si bien que la marque au trident a décidé de montrer les crocs avec un Levante aux équipements à la pointe et un tempérament de feu
Son look
«Oyez, oyez!!!» Connaissez-vous un constructeur généraliste voire même premium qui n’envisage pas l’ombre d’une seconde de proposer dans sa gamme un SUV ? Tic-tac. Attention, le sablier s’évide à vue d’oeil ! Vous séchez ? Même les plus avisés d’entre-nous seraient bien à la peine face à cette question. Dernière preuve en date, en ouverture de ce numéro de l’Auto-Moto Nice-Matin, l’image d’un proto Aston Martin DBX en tenue de camouflage. Et oui, de Lamborghini à Rolls-Royce, tout le monde s’y colle aujourd’hui. Même Ferrari a “reconnu” y travailler sérieusement. Si bien que ce superbe Levante ne devrait pas vous rebuter. D’autant que sur le plan stylistique, Maserati signe ici un magistral coup de crayon. Visez un peu cette face avant! Impossible de confondre cette italienne avec toute la production mondiale. En revanche, la paternité du sculptural coupé GranTurismo, ici rehaussé, vous saute littéralement aux yeux. Avec son proéminent trident enserré dans sa calandre à 8 lames (chromées sur la version GranLusso et en piano laqué noir sur notre version d’essai GranSport). D’où s’élancent, en faisceau, des optiques full Bi-Xenon. Les roues en 21 pouces «Helios» ont même leur rappel visuel sur la jante du volant. Et ne sont pas sans rappeler la croix occitane .Soyez assurés que peu de 4x4 font aujourd’hui cet effet. C’est tout le Levante, çà. Un vent méditerranéen capable de surgir sans signe avant-coureur avec une force phénoménale. Mais attendez un peu d’entendre son féroce V6. Et vous comprendrez que Maserati n’a pas renié sa glorieuse réputation.
À bord
Impossible de compter le nombre de tridents représentés de la calandre jusqu’au moindre recoin de l’habitacle! Partout, ils s’affichent fièrement. Et c’est tant mieux. Un symbole indémodable sur le sélecteur de rapports, les marchepieds, l’incontournable horloge qui trône toujours aussi religieusement que la Santa Madona au beau milieu de la planche de bord, elle-même tapissée de cuir noir minutieusement surpiqué de blanc (ou autre, au choix). La qualité du matelassage des sièges «sport» vaut aussi le détour. À l’arrière, le puits de lumière du ciel de toit bénéficie aux passagers qui ont largement assez de place pour détendre leurs jambes. Notre modèle d’essai présentait de très épais tapis de sols, un bel habillage en Alcantara du plafonnier, des inserts en carbone sur la console centrale. Et des rangements suffisamment profonds. Ce qui fait parfois défaut chez la concurrence. L’écran de navigation de 8,4 pouces est tactile et facile à manipuler. Les caméras de recul offrent une vision à 360° comme vue du ciel fort pratique dans les manoeuvres pour ne pas érafler la belle qui fait quand même ses 5 mètres de long par presque 2 de large. La dotation de la GranSport est franchement très riche avec une sono Bowers&Wilkins cristaline, des portes à ouverture sans clefs et surtout fermeture assistée antipincement. La finition et le rafinement à bord sont particulièrement soignés.
Au volant
«310km/h… maxi » Le compteur de vitesse donne le ton, histoire de vous rappeler qu’on a beau être au volant d’un SUV, on conduit avant tout une Maserati. Mais nul besoin de jouer avec le feu pour ressentir de sensations. Pour cela, vous pouvez déjà compter sur un travail des octaves du V6 absolument étourdissant… À défaut des octanes. C’est la marque de fabrique de la firme basée à Modène. À seulement 16 km de Maranello. On vous fait un dessin? Tendez plutôt l’oreille la prochaine fois que vous croiserez un Levante S. Et vous comprendrez. Du début à la fin de notre galop d’essai, même à 30 km sur les routes affreusement «ristretto» mais bucoliques du massif du Tanneron, nous avons conservé le mode sport pour profiter pleinement du concerto. La masse (2,1 t) de l’auto est nettement moins handicapante que son gabarit sur un tel sentier. Les très franches accélérations se savourent sans modération mais les freinages se dosent avec un sabot de cheval sur le pied. En dépit d’une suspension qui adapte la hauteur de caisse selon la conduite et le revêtement, le Levante peine à contenir les cabrages et plongées du nez en conduite sportive. La direction, en revanche, désormais à assistance électrique et non hydraulique, s’avère suffisamment précise pour placer l’auto au centimètre près. Son caractère naturellement joueur la ferait presque passer pour une propulsion, ce qui est loin d’être un défaut. La transmission intégrale Q4 associée à une boîte automatique à huit rapports permet de rouler en toute sérénité quelles que soient les conditions climatiques, sachant que toute la motricité peut passer indifféremment de l’essieu arrière à l’avant.
Côté finances
À partir de 76 200 € pour la version de base (350 ch) comptez 81 250 pour le S (de 430 ch) et 100650 € pour la finition résolument sportive GranSport. Si bien que l’on flirte à quelques euros près avec un Porsche Cayenne S de référence, et dont les qualités dynamiques restent significativement supérieures. Mais dont le blason apparaît peut-être nettement plus lisse en terme de style et de musicalité du 6 cylindres en V. Une affaire de goût surtout, donc. D’usage aussi, à la marge, puisque si l’espace à bord est remarquable tant du côté de l’allemande que de la transalpine sur le plan de l’usage et de la praticité. Avec une capacité de chargement autrement plus favorable à la Porsche (770 l contre 580 l pour la Maserati). En revanche, pas de version Hybride rechargeable à l’horizon sur le catalogue du Levante. Une proposition qu’il va falloir sûrement envisager très vite...