la solidarité s’organise
Les Restos du coeur lancent leur e campagne pour les démunis
Local des Restos du Coeur, boulevard Paul-Montel à Nice, hier matin. L’hiver entre jusqu’à l’intérieur. Il y a un portrait de Coluche à l’entrée, une odeur de café chaud. Et du coeur. Plein. Mais il manque des bras, des dons. Il manque presque tout. Sauf l’envie. C’est dans le centre de Nice-Ouest (un des quinze points d’accueil du département, complétés par un camion qui sillonne les rues le mercredi soir), que les Restos ont choisi de lancer leur 34e campagne d’hiver en faveur des plus démunis. 34 ans et ça ne s’arrange pas : la misère est plus que jamais ordinaire. « En 2017-2018, nous avons accueilli 8025 familles soit 21000 personnes. Nous avons aussi accueilli 5 535 bébés et servi 1 492 000 repas sur le département des Alpes-Maritimes », expose le responsable départemental des Restos, Joël Meynent, au maire de Nice et aux élus venus en soutien.
« On n’est pas la poubelle des grandes surfaces ! »
Et cette année sera plus dure encore : « Pour l’instant, sur ce centre, le 5e du département en terme de fréquentation, nous avons 160 familles qui se sont inscrites pour l’hiver mais ça va augmenter », prévoit Alain Callais, l’animateur du centre de Paul-Montel. Le public est de plus en plus nombreux, tout le monde est touché : « Cette année, on va ouvrir le jeudi soir pour pouvoir accueillir les étudiants et les gens qui travaillent et qui ne pouvaient pas venir le
matin ». Les responsables des Restos font visiter les lieux à Christian Estrosi. La salle d’accueil, guide Joël Meynent, où «on a le souci de rendre les choses plus faciles. Un sourire. Un café. De la chaleur humaine. Franchir la porte des Restos, ce n’est pas évident… On tisse un lien, on propose, on essaie d’améliorer leur quotidien. La distribution alimentaire ne représente que 30 % de nos activités. On fait aussi de l’aide à la réinsertion, au retour à l’emploi, du soutien scolaire, etc. » Vient, dans l’enfilade, la salle de stockage des denrées : pâtes, boîtes de conserves, desserts et packs
de lait par dizaines sur des palettes. Puis la dernière pièce, celles des frigos. Partout des bénévoles s’affairent, trient. « On a beaucoup de travail, souffle Joël Meynent. Les grandes surfaces respectent la loi [Garot qui empêche les grands magasins de jeter leurs invendus ou de les rendre impropres à la consommation]. Mais certaines nous donnent des produits à un jour de la date de péremption ou déjà périmés. On n’est pas la poubelle des grandes surfaces ! Ce sont nos bénévoles qui sont obligés de trier et de jeter. Ça fait mal au coeur de jeter de la nourriture! C’est interdit aux
Restos ! » Ça contrarie Christian Estrosi. Agacé, il demande à sa collaboratrice d’organiser une réunion « avec tous les responsables des grandes surfaces ». « Les grandes enseignes ont des responsabilités. Ils nous demandent et obtiennent des droits à bâtir. Certes, ils sont des créateurs d’emplois importants mais ils font des bénéfices conséquents et ils doivent pouvoir mieux jouer le jeu ! »
« Le service public ne suffit plus »
«À Nice, on voit les palmiers, la mer, la destination touristique prisée… Mais ici aussi il y a une montée
en puissance de cette fracture sociale entre les nantis et ceux qui plongent , déplore Estrosi. Avec le service d’action sociale de la Ville, les collectivités, on essaie de rendre leur dignité aux plus démunis mais c’est de plus en plus compliqué. Le service public ne suffit plus. Nous avons besoin de vous, les Restos du Coeur, les associations. Nous vous mettons des locaux à disposition, nous vous allouons des subventions. Nous sommes à vos côtés. Vous êtes aux nôtres. Cet hiver, ensemble, on ne laissera personne sur le bord du chemin. »