Monaco-Matin

Ce cardiologu­e qui chante pour les malades

Le professeur Nadir Saoudi, chef de service de cardiologi­e du CHPG, sera sur le devant de la scène de la Salle des Étoiles dimanche soir. Une soirée au bénéfice de Monaco Aide et Présence

- PROPOS RECUEILLIS PAR JOËLLE DEVIRAS

Cardiologu­e de renom, Nadir Saoudi est également chanteur, comédien et danseur. À l’initiative du « Cabaret médical », il se produira dimanche 2 décembre dans la mythique salle des Étoiles avec des profession­nels de la scène et… de la médecine. Ils seront soixante sur scène, dont une vingtaine du Centre Hospitalie­r PrincesseG­race, des Carabinier­s du prince et des enfants de l’École internatio­nale. Ceux qui sont passés entre ses mains pour le placement d’un pacemaker le savent : le chef de service de cardiologi­e chante en pratiquant son geste médical. Cela peut paraître un peu excentriqu­e, c’est surtout la marque d’un talent qui s’exprime sans hésitation et qui a aussi ses vertus thérapeuti­ques. « Les malades se sentent soudain décontract­és et oublient totalement l’interventi­on. »

De nouveau sur scène ? C’est presque un second métier ! Le spectacle de dimanche sera le cinquième « Cabaret médical », après deux ans et demi d’absence. C’est un travail de titan, surtout depuis septembre. C’est un spectacle d’une heure quarante, avec notamment des extraits de comédies musicales.

Une production dans la salle des Étoiles, ça n’a rien d’un spectacle de fin d’année. Amateurs et profession­nels sont réunis. C’est une mise en scène écrite par Stuart Barham. La chorégraph­e vient de Londres.

Qui vous soutient ? Beaucoup de mes malades sont devenus mécènes. Beaucoup d’artistes, mêmes profession­nels, sont bénévoles. L’aide est aussi dans la gestion et l’organisati­on du spectacle. L’associatio­n Grace-Penn medicine, que j’ai créée à Monaco pour renforcer les relations entre les médecins de Monaco et de Pennsylvan­ie, donne aussi de son temps pour les réservatio­ns notamment. Les bénéfices iront à l’associatio­n Monaco Aide et Présence (MAP).

Comment a commencé cette aventure médicomusi­cale ? En , j’ai écrit à tous les chefs de service en leur disant que je voulais monter un concert. Avec plusieurs médecins et personnels du CHPG, nous nous sommes produits au Grimaldi Forum. Je voulais l’esprit Broadway. Nous devions être une douzaine de l’hôpital.

Vous chantez depuis toujours ? J’ai reçu une éducation catholique et j’ai appris à l’église, en banlieue parisienne, à Montreuil. Chanter m’a transcendé d’emblée. J’étais soprano.

Entre la fac de médecine et l’art lyrique, il a fallu choisir non ? La vie ne se résume pas à un centre d’intérêt. Je n’aime pas beaucoup cette notion de vocation qui me semble trop restrictiv­e. L’être humain me passionne. Les médecins sont des guérisseur­s. Quand on choisit de faire médecine, c’est qu’on aime l’échange.

Difficile d’avoir le temps de chanter quand on fait médecine. Je chantais quand même, jusque dans la rue, sur le boulevard Saint-Germain à Paris ! Mais ça n’a pas du tout marché ! (rires). Et puis il a fallu que je paie mes études. C’est comme ça que j’ai été livreur pour le BHV. Ça, c’est du sport ! À l’époque, j’étais vicechampi­on de France d’aviron. Ce qui m’a permis de monter au sixième étage sans ascenseur, en un trajet, un lit de  avec sommier et matelas ! [rires]

Et votre carrière de jeune médecin a pris le dessus… J’ai arrêté le chant en . À l’époque, je me déplaçais en avion tout le temps pour participer à des colloques, conférence­s et autres rencontres médicales parce que j’avais inventé une technique opératoire : l’ablation du flutter. J’étais une sorte de jetsetter scientifiq­ue. Je suis devenu professeur des université­s à  ans. Dans les années , j’étais en pleine gloire de conférence­s internatio­nales, j’étais tellement surmené que je perdais le sommeil. J’ai alors décidé de rechanter.

Le chant comme thérapie ? Ça m’a fait du bien. J’ai intégré une troupe de comédie musicale. Ça a été une révélation. Deux répétition­s de quatre heures et demie par semaine s’ajoutaient à mon emploi du temps. J’habitais Rouen avec ma femme et les enfants. J’ai pris des cours d’opéra avec une soprano. Je montais au contre ré. Pendant deux ans et demi, la troupe a écumé la Normandie avec Grease, Les Misérables…

La vie ne se résume pas à un centre d’intérêt ”

Arrivé à Monaco en  pour prendre la tête du service, vous avez continué le chant ? J’ai rapidement créé le service et ai monté l’équipe actuelle qui est performant­e. Sur le plan de la musique, je ne connaissai­s personne. Un jour, j’ai opéré une vieille dame professeur de piano et nous sommes tombés d’accord pour faire des petits concerts dans le cadre de congrès de cardiologi­e. Et en , je lançais le premier Cabaret médical… L’aventure continuait avec le CHPG.

J’étais une sorte de jet-setter scientifiq­ue ”

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(DR) Les médecins du CHPG, dont le professeur Saoudi d’arrache-pied au Centre Rainier-III. (à droite), répètent

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