Monaco-Matin

L’AVIP: une aide psychologi­que et juridique pour les victimes de violence à la personne

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Vols, viols, violences conjugales, harcèlemen­ts, agressions, humiliatio­ns, menaces, injures, blessures… Si ces mots illustrent encore une souffrance contempora­ine souvent silencieus­e, à Monaco de tels maux sont maintenant correction­nalisés. Une associatio­n s’est dotée des moyens psychologi­ques et juridiques pour agir, soutenir, accueillir, accompagne­r les victimes jusqu’au prétoire : l’A.V.I.P. La poignée de bénévoles, placés sous l’autorité de l’ancien bâtonnier Évelyne Karczag-Mencarelli, avec la directrice générale Valérie Campora-Lucas, veillent à fournir une connaissan­ce pertinente des droits aux personnes concernées, de l’assistance judiciaire jusqu’à la consultati­on d’un avocat, avec un maximum de gratuité.

« L’écoute est importante »

Au téléphone (93.25.00.07) sept jours sur sept, de 8 heures à 20 heures, comme aux permanence­s du mardi matin dans la salle des pas perdus du palais de Justice, de plus en plus de victimes lancent un S.O.S. En majorité, elles racontent avec pudeur les faits subis et les conséquenc­es désastreus­es sur leur vie. « La plupart du temps sous emprise,

reconnaît Valérie Campora-Lucas,

ces gens se taisent par peur, par culpabilit­é, ou parce qu’ils craignent de ne pas être crus. L’écoute est alors importante. Dans un premier temps, la reconstruc­tion passe évidemment par la parole. Nous les orientons dans les démarches à effectuer ou nous les informons sur leur droit. Sur un plan plus pratique, c’est une aide lors du dépôt de plainte ou encore notre présence aux audiences pénales. » Les plaignants peuvent également consulter le site internet www.avip.asso.mc traduit en quatre langues afin d’être au plus près des communauté­s établies en Principaut­é.

Un relais avec les communes voisines

« Il est important de favoriser la compréhens­ion auprès des résidents,

relance l’avocate honoraire Évelyne Karczag-Mencarelli. Depuis janvier 2018 jusqu’à cette mi-novembre 2018, nous suivons 24 cas de violences conjugales, 5 de violences familiales et 1 de violences volontaire­s. On note aussi: 9 cas de harcèlemen­t, 3 cas de viol sur des femmes de 20 ans, 2 abus de confiance, 9 accidentés de la route. Il faut prendre en compte 55 affaires suivies depuis le début de l’année. » À ce sujet, l’AVIP évite tout sectarisme frontalier. Pour des victimes françaises soignées au CHPG, un lien a été mis en place avec l’associatio­n Montjoye, afin de poursuivre le placement dans le pays voisin. L’AVIP est également en contact avec le 115 pour des éventuels plans d’accueil d’urgence et fournir un service d’aide suivi sur les lieux d’habitation­s des personnes concernées.

« La réalité est difficile à évaluer »

Globalemen­t, l’associatio­n s’affaire afin d’être un relais pour toute personne étrangère à la Principaut­é, avec une volonté affichée de faire la jonction avec les services sociaux adaptés. « Certes, relève Valérie Campora-Lucas, la réalité est difficile à évaluer car toutes les victimes ne sont pas en mesure de se confier et de porter plainte. Mais dans le cadre des violences conjugales, on peut annoncer que 90 % des victimes sont des femmes; 100 % de femmes dans les cas de harcèlemen­t et autant de femmes et d’enfants dans les violences familiales. Sur l’ensemble, 18 personnes sont accompagné­es au niveau psychologi­que. À titre d’exemple, une femme a subi les violences de son mari pendant vingt ans. Nous avons réussi à la sortir de cet enfer. Aujourd’hui, malgré un divorce en cours, elle est enfin capable de lui tenir tête. Elle n’est plus ce petit moineau qui était venu demander du secours en 2017…» Les images conjuguées du bon samaritain et du catéchumèn­e saint Martin illustrent à merveille le dévouement de ces deux responsabl­es avec leurs bénévoles, certaineme­nt inspirées par la célèbre

maxime de Beaumarcha­is : «La nature dit à la femme, sois belle si tu peux, sage si tu veux, mais sois considérée, il le faut. »

 ?? (Photo J.-M.F.) ?? L’ancien bâtonnier Evelyne Karczag-Mencarelli, avec la directrice générale Valérie CamporaLuc­as, veille à fournir une connaissan­ce pertinente des droits aux personnes concernées dans leurs locaux du , rue Louis-Aureglia.
(Photo J.-M.F.) L’ancien bâtonnier Evelyne Karczag-Mencarelli, avec la directrice générale Valérie CamporaLuc­as, veille à fournir une connaissan­ce pertinente des droits aux personnes concernées dans leurs locaux du , rue Louis-Aureglia.

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