Monaco-Matin

Violent avec son épouse, il écope de huit jours avec sursis

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Le sujet n’est plus tabou. Même si toutes les victimes ne sont pas en mesure d’en parler ou de porter plainte, les femmes battues viennent de plus en plus dénoncer devant le tribunal correction­nel les violences conjugales subies. La dernière affaire concerne l’épouse d’un fonctionna­ire monégasque. Il semblerait que la page d’amour du couple a été tournée depuis longtemps… Le 26 mars dernier, Madame s’est rendue à la Sûreté publique pour se plaindre de rudesses ayant entraîné trois jours d’ITT. Son mari l’a empoignée par le col et l’a plaquée brutalemen­t contre un mur. Les enquêteurs l’interrogen­t sur d’éventuels sévices antérieurs. Elle se souvient : en septembre 2016, son conjoint lui avait cassé un doigt au cours d’une dispute ! Il en résultait deux jours d’ITT. À la barre, le prévenu de 54 ans reconnaît les faits. Mais il minimise chaque fois les brutalités : «Mon épouse marque facilement. Je vous assure, je ne l’ai pas tapée et encore s’est défendu le prévenu à l’évocation du doigt cassé de sa femme. (Illustrati­on archives NM)

moins cassé un doigt. Cette fois-là, j’avais voulu éviter un de ses gestes agressifs avec ma main. » Le président soupçonne le fautif d’une addiction à la boisson. « Je ne pensais

pas être très alcoolisé au cours de ces empoignade­s. Je bois entre deux et trois verres de vin par jour… » C’est suffisant pour caractéris­er une accoutuman­ce, d’après le magistrat. L’ensemble des propos retenus à l’audience démontre bien que l’épouse manifeste une surprenant­e animosité envers son mari.

« C’est quand j’ai crié qu’il m’a relâché »

Alors, en déduit le premier substitut Cyrielle Colle, « la descriptio­n des violences conjugales au sein du couple fait ressortir tous leurs problèmes. Il ne faut jamais lever la main. Ce n’est ni acceptable ni tolérable et cela ne règle pas la situation. Pensez aux conséquenc­es vécues par cette femme quand elle affirme : “C’est quand j’ai crié qu’il m’a relâché”! Aujourd’hui, ils sont séparés depuis deux ans. Il faut une peine adaptée à la situation, car Monsieur, le jour où il sera avec une autre compagne, il se disputera à nouveau. »

« C’est Madame qui gonfle la caricature»

Huit jours d’emprisonne­ment assortis du sursis sont requis. Me Thomas Giaccardi s’énerve. « Ce dossier ne mérite pas d’être érigé en violences conjugales. On est loin de ce schéma ! Certes, toute tension physique est condamnabl­e. Mais là on évoque deux faits en regard de trente ans de vie commune. Il a pris son épouse par le peignoir et il lui a tenu le doigt ! On est loin de l’abus de coups répétés afin de déstabilis­er le conjoint. Votre juridictio­n doit le comprendre : Monsieur ne souhaitait pas divorcer. C’est Madame qui gonfle la caricature d’un mari alcoolique… » Et de poursuivre par une dénonciati­on : « A la demande et sur les conseils de son avocat, cette femme va déposer plainte pour faire avancer la procédure de divorce. Elle le dit dans sa déposition. Mon client à 260 personnes sous ses ordres. La sanction pourrait avoir des conséquenc­es profession­nelles graves. N’allez pas au-delà d’une peine d’amende… » Le tribunal préférera suivre les réquisitio­ns du Ministère public.

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« Mon épouse marque facilement »,

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