Monaco-Matin

Sa vision du quotidien

Il est photograph­e mais «ne se sent pas photograph­e »: pourtant, l’artiste mentonnais “Seul” cartonne sur Instagram avec ses scènes de la vie de tous les jours capturées à la volée

- NICOLAS HASSON-FAURÉ nhasson@nicematin.fr PHOTO : JEAN-FRANÇOIS OTTONELLO

La conversati­on démarre par une mise au point. « Je ne me sens pas photograph­e », précise d’emblée “Seul”. Mais si le Mentonnais réfute le terme, il faut bien l’admettre : c’est un chasseur d’images. Pourtant, celui qui préfère s’en tenir à son nom de scène a « toujours un appareil à la main ». Si le quadra ne se définit pas comme photograph­e, c’est avant tout une histoire de technique, qui n’est « clairement pas le truc ». Son truc, justement, c’est la photograph­ie de rue : des instantané­s saisis à la volée, des scènes de la vie de tous les jours capturées spontanéme­nt. « La photo de rue, c’est ça : Tu as chopé un instant que plus personne n’aura». C’est dit. Et ce n’est pas tout. L’homme à la barbe noire aussi fournie qu’impeccable a une vision bien précise de la photo : « Ça te plaît, ça ne te plaît pas. Tu as chopé l’instant, tu n’as pas chopé l’instant ». Et justement, ça plaît. Ça plaît beaucoup, même : sur Instagram, plus de 2000 personnes suivent ses pérégrinat­ions dans les rues de Menton, de Nice, de Paris ou d’ailleurs. Le réseau social de partage d’images, il le voit comme « un baromètre », une manière d’avoir un retour sur ses clichés. Plus de 2 500 images s’affichent sur sa galerie, du couple qui s’embrasse non loin des remparts d’Antibes à l’accordéoni­ste qui joue juste à côté des tables d’un restaurant. L’une d’entre elles a beaucoup marqué: un passager du métro parisien, la tête légèrement penchée en avant comme s’il était assoupi, alors que la tour Eiffel se détache en arrière-plan par la fenêtre de la rame. Un compte spécialisé l’a reprise, 21 000 personnes l’ont « aimée ». Point commun de toutes ces images, entre autres: elles sont le fruit d’un travail solitaire. D’ailleurs, “Seul” a trouvé son pseudonyme dans sa manière de travailler : « Je vois un mec, je pars et je le suis. Ou je vois une ombre, j’attends une heure que quelqu’un passe. Je ne peux le faire que seul », expliquet-il avec des gestes de la main, comme pour appuyer son propos. Rien n’est prévu à l’avance. Il ne se dit pas : aujourd’hui, « je vais faire de la photo ». “Seul” vit sa vie, l’appareil photo est là, son oeil accroche quelque chose, il compose, appuie sur le déclencheu­r. « Ce qui me plaît le plus, c’est de choper une gueule, un instant », résume celui pour qui «un beau compliment, c’est quand on me dit: “Ça, je ne le voyais pas aussi beau” ». Tout est spontané, un mot-clé de son travail. C’est aussi comme ça qu’il est venu à la photo. L’artiste qui a toujours été attiré par le street art ne se souvient d’ailleurs plus vraiment de ce qui l’a conduit à se saisir d’un appareil, ni vraiment quand. « C’était peut-être avec l’arrivée des smartphone­s, quand on a tous eu un appareil photo dans les mains », rembobinet-il. Seulement, «jem’en suis servi plus que les autres ». Aujourd’hui, c’est une passion. Une passion qui a débouché sur une exposition à Nice, une autre à PhotoMento­n, des ventes de tirages de photograph­ies, des contacts avec des galeries à Paris ou en Belgique. Et ça continue. “Seul” va s’installer au marché provençal d’Antibes, où il vendra ses images. L’autre projet dans les cartons se déroulera à Castillon. La municipali­té veut donner un nouveau souffle au village en revenant aux sources et en misant sur les ateliers d’art. Lui et son père, le sculpteur Rosario, vont en ouvrir un. Alors, la photo pourrait dépasser le cadre de la passion. Ça tombe bien : “Seul” n’est pas contre et n’a « pas d’interdit ». Le suivre sur Instagram : @ioutokinto­umi

Instagram est un baromètre ” Un instant que plus personne n’aura ”

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