Monaco-Matin

L’écrivain Vladimir Nabokov a séjourné à Menton et Moulinet

En octobre 1937, l’auteur d’origine russe fuit le nazisme et s’installe à Menton. Fauché, il migre ensuite à Moulinet. Durant cette période, il écrit une partie du livre : Le don. L’un de ses plus grands romans

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Romancier, poète et critique littéraire d’origine russe, Vladimir Nabokov est connu pour avoir écrit l’un des romans les plus sulfureux du XXe siècle. Dans Lolita, il dresse le portrait d’un amour obsessionn­el et incestueux entre un quinquagén­aire et sa belle-fille. Mais saviez-vous que le célèbre auteur a séjourné plusieurs mois à Menton ? Sous les citronnier­s de la cité s’est joué un moment clef de sa carrière : l’écriture du livre Le Don. Polyglotte, il s’agit du dernier roman rédigé en russe par Nabokov avant son départ aux États-Unis. Par la suite, toute l’oeuvre du romancier sera écrite en anglais. Par sa maîtrise de la traduction, il se révélera comme l’un des plus habiles artisans de l’écriture du XXe siècle. Vladimir Nabokov naît le 22 avril 1899 à Saint-Pétersbour­g dans une famille de l’aristocrat­ie russe, libérale et anglophile. En 1917, la révolution bolcheviqu­e met un terme brutal à cette jeunesse heureuse. En avril 1919, Vladimir quitte la Russie pour Londres puis Berlin. Là, l’auteur connaît une tragédie : la mort de son père, abattu en mars 1922 lors d’une réunion politique. Mais aussi un immense bonheur : Vladimir Nabokov rencontre l’hypnotique Véra, lors d’un bal masqué. Elle deviendra sa femme en 1925. Le couple vivra un amour inconditio­nnel jusqu’à la mort de l’écrivain en 1977.

Il réside près de la place Saint-Roch

Dans les années 20, Vladimir Nabokov fait ses débuts en tant que romancier. Véra joue alors le rôle de secrétaire, de correctric­e et de gardienne de son oeuvre. Fuyant le nazisme, le couple s’installe à Paris en 1937. Ils séjournent à Solliès-le-Pont, Cannes, puis… Menton. L’auteur mentonnais Louis-Nicolas Amoretti décrit très précisémen­t la venue des Nabokov dans son ouvrage

Partage de mémoire. On apprend que le couple et son fils unique, Dmitri résident à la pension des Hespérides de Menton, près de la place Saint-Roch. «Ils se baignaient, barbotaien­t et se rôtissaien­t sur la plage des Sablettes…», précise Brian Boyd, le biographe de Nabokov. Il visite le musée de Menton. «On y trouve tout», avait écrit le romancier. Depuis les toiles de Ferdinand Bac jusqu’à la collection de papillons fanés. Les Nabokov vivent au jour le jour.

Presque fauché, il déménage à Moulinet

Très inspiré, Vladimir Nabokov écrivait de 7 h à 10 h du matin et de 15 h à 23 h 30 le soir. À Menton, il termine la rédaction du livre Le Don. Ce dernier ouvrage rédigé en russe, est sans aucun doute l’une de ses oeuvres les plus achevées de sa carrière. Basculer du russe à l’anglais témoigne de son évolution en tant qu’écrivain (lire par ailleurs). Mais à cette époque, sans rentrée d’argent fixe, le romancier est fauché. Il cherche un loyer plus abordable et s’installe à Moulinet, à l’hôtel de la Poste. Dans les collines du village, Nabokov capture deux papillons aux bleus singuliers : « grande et merveilleu­se rareté », décrit l’auteur. Le manque d’hygiène de l’hôtel de Moulinet contraint la famille à emménager dans une pension russe du Cap d’Antibes, à la villa des Cyprès. Leur situation financière est désespérée. Les Nabokov retournent vivre à Paris. Là, le romancier achève Lik, dont l’action se situe sur la Côte d’Azur. En mai 1940, Nabokov échappe à l’invasion allemande et embarque pour New York. En Amérique, il publie le roman sulfureux Lolita. Malgré la censure et la polémique, Vladimir Nabokov sera salué comme l’un des plus grands écrivains américains vivants.

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