Fontan : un ado se blesse avec un revolver, son père mis à l’amende
e coup est parti sans crier gare. Vincent(1) était en train de ranger le revolver dans son coffre. La balle a traversé sa main droite, juste en dessous de l’auriculaire, sectionnant un nerf. Par une chance inouïe, l’adolescent devrait retrouver toute sa motricité, au prix de séances de kinésithérapie. Mais le principal, c’est que Vincent «est là. Il est en vie…» Son père prononce ces mots la gorge nouée, penaud, à la barre du tribunal correctionnel de Nice. Ce lundi aprèsmidi, la justice examine une affaire atypique. David, 48 ans, adepte du tir sportif depuis vingt-trois ans, répond de «blessures involontaires ayant entraîné une ITT inférieure à 3 mois» sur son propre fils. L’ado vient de fêter ses 15 ans. Il patiente dans la salle des pas perdus avec sa petite soeur. Leur mère, présente dans la salle, refuse de se constituer partie civile. La scène est survenue dans la nuit du 14 au 15 août dernier, dans la vallée de la Roya à Fontan. 23 heures. David, sa femme et sa fille sont déjà couchés. Vincent s’aventure dans la chambre de sa soeur, inoccupée du fait de travaux. Il sort d’un sac un revolver 357 Magnum. Et extirpe d’un autre des cartouches.
Mauvaise réaction
«J’ai pris la première arme, j’ai mis le marteau à l’arrière, j’ai ouvert le barillet et mis l’ensemble des balles», relatera l’adolescent. Téméraire curiosité. Vincent ne parvient plus à extraire les cartouches. Étreint par la «peur de se faire disputer», il tente de ranger l’arme précipitamment. C’est l’accident. «Quand on est tireur sportif, quelle est la première règle à observer ?», interroge le président du tribunal, Guillaume Saint-Cricq. «Un coffre pour les armes, un coffre pour les munitions », répond David. Las, le quadra, qui prévoyait d’aller au stand de tir le lendemain, n’avait pas stocké ses armes ni ses cartouches à l’endroit idoine. Autre erreur: «Son raisonnement à côté de la plaque» après l’accident, dixit le procureur Clotilde Ledru-Tinseau. David a demandé à sa femme de ne pas appeler les pompiers, préférant amener l’ado lui-même aux urgences. Cela ne lui a pas évité de passer par la case gendarmerie. «La peur l’a porté à divers mensonges. Mais ce n’est pas une personne inconsciente ni négligente. En vingt-trois ans, il n’y a jamais eu le moindre incident», insiste Me Julie De Valkenaere pour sa défense.
On ne joue plus
David avait pourtant mis en garde son fils : «Fais attention, ne joue jamais avec une arme!» Lui-même n’en aura plus le loisir de sitôt. Le tribunal interdit à David de détenir une arme à nouveau. Au grand soulagement manifeste de sa femme. En revanche, le tribunal requalifie les faits, excluant la « violation d’une obligation de prudence ». Bilan: David écope d’une simple amende de 1 500 euros, quand le parquet réclamait un an de prison avec sursis. La voix étranglée, le quadra conclut : «J’ai compris la leçon.» Son prénom a été modifié afin de préserver son anonymat.