Monaco-Matin

Les « gilets jeunes » entrent dans la contestati­on Nice

Deux étudiants en droit ont lancé un mouvement pour « rallier la jeunesse de France » à la grogne des « gilets jaunes ». Première étape: participer en masse à la mobilisati­on prévue samedi

- BENOIT GUGLIELMI bguglielmi@nicematin.fr

Gilet jaune sur le dos, ils ont labouré, avanthier, les allées de la fac de droit. Hélé les étudiants à la sortie des cours. Expliqué. Argumenté. Rassuré, parfois. Retenus hier par des examens, ils ont bien l’intention de remettre ça aujourd’hui. Au-delà de leurs conviction­s politiques, deux étudiants niçois se sont mis en tête de rallier la jeunesse «de toute la France, de Paris à la province et de la métropole aux outremers» au mouvement de contestati­on initié par les « gilets jaunes ». Ils revendique­nt déjà des référents dans d’autres régions. Ils ont envie de faire, et voient grand. On fait le point en cinq questions sur ce mouvement naissant.

Qui sont ces « gilets jeunes » ?

À l’initiative de deux étudiants en droit à Nice, Dylan Champeau et Ralph Parisot, un collectif baptisé « gilets jeunes » s’est créé ces derniers jours, notamment via les réseaux sociaux. « À mesure que la contestati­on des « gilets jaunes » prend de l’ampleur, on se rend compte que la jeunesse est très peu représenté­e », justifient les deux étudiants, en deuxième année au campus Trotabas. Leur but ? « Mobiliser la jeunesse de France » pour grossir Dylan Champeau (à gauche) et Ralph Parisot ont lancé le mouvement à la fac de droit.

les rangs des « gilets jaunes ». Sensibilis­er leurs camarades à des combats qui « paraissent encore lointains pour certains mais nous concernent directemen­t. Les problèmes d’aujourd’hui seront ceux de demain. » Premier objectif : rallier «un maximum d’étudiants, de lycéens, d’apprentis, de jeunes actifs ou en recherche d’emploi » au prochain épisode de la mobilisati­on, samedi. « Et surtout pas bloquer la fac ou les lycées ! », assurent-ils.

Quelles revendicat­ions ?

«Ce n’est pas seulement le prix du carburant qui nous inquiète, éclaire Dylan Champeau. Plus généraleme­nt, on proteste contre la baisse du pouvoir d’achat, des étudiants comme de l’ensemble des Français. La baisse des APL, la hausse des taxes… » Ralph Parisot souligne aussi que «les jeunes constituen­t la classe d’âge la plus touchée par le chômage. La moitié des bac +5 peinent à trouver un emploi dans les mois qui suivent la fin de leur cursus, par exemple. Et on a tous un copain qui galère à trouver une entreprise qui l’embauche

en alternance… » «La colère va bien au-delà d’Emmanuel Macron, complète son camarade de promo. Elle est engendrée par toutes les politiques menées dans le pays depuis longtemps… Nous sommes complément­aires du mouvement des “gilets jaunes” »

Comment prend le mouvement ?

Leur « appel à la jeunesse de France », publié lundi sur Facebook, n’a réuni que quelques dizaines de partages. Mais, les deux acolytes assurent que, sur le parvis de la (Photo Eric Ottino)

fac, « l’accueil des étudiants est plutôt favorable. » « Certains se sentent peu concernés, reconnaît Ralph Parisot. Mais d’autres le sont déjà: ceux qui sont obligés de prendre leur voiture pour venir à la fac, ceux qui ont un boulot à côté des études… » Hier soir, près de 300 personnes avaient «liké» la page Facebook et rejoint le groupe de discussion ouvert sur le réseau social. «Le mouvement s’organise. Nous avons déjà des référents dans le Jura, en Moselle, dans la Haute-Vienne, en Bretagne, en région parisienne… mais aussi à la fac de lettres, sur le campus Carlone. »

Qu’espèrent-ils de cette mobilisati­on ?

Rallier la jeunesse à leur cause ? «On y croit. Dès qu’on sera assez nombreux, on envisagera des actions des jeunes au niveau national », se persuade Dylan Champeau. Dans l’espoir, « au minimum, de faire reculer le gouverneme­nt». Dans l’idéal, il n’espère rien de moins que « la dissolutio­n de l’Assemblée nationale ou l’organisati­on d’un référendum. »

Sont-ils politisés ?

«On ne peut pas répondre “non” à cette question puisque nous portons des revendicat­ions politiques. En revanche, nous sommes apartisans », jure Dylan Champeau. Apartisans, les deux copains de fac ne le sont pourtant pas le reste de l’année. L’un milite à gauche, l’autre à droite: Dylan Champeau a été candidat aux législativ­es en Corse avec l’étiquette La France Insoumise, Ralph Parisot est militant LR de longue date. Mais au-delà des clivages, « la contestati­on nous rassemble. » Au point de militer côte à côte…

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