Monaco-Matin

Ginésy : « On nous a fait venir à Paris pour rien »

- RECUEILLI PAR THIERRY PRUDHON TH. PRUDHON

« Je comprends la colère des Français acculés depuis des années, que je n’amalgame pas aux casseurs au comporteme­nt inadmissib­le. A quelque chose cette crise est bonne… C’est ce qui m’avait plu dans la grande marche d’Emmanuel Macron: rencontrer les Français, les écouter et construire un programme qui réponde à leurs attentes. Là, on est en plein dedans ! Je regrette simplement que certains médias qui ont besoin de sensationn­el soient toujours dans le négatif, alors que beaucoup d’avancées en faveur du pouvoir d’achat ne sont pas évoquées. Bien sûr, il y a eu la baisse de 5 euros des APL, la hausse de la CSG qui a impacté les retraités, mais nous avons aussi supprimé des cotisation­s salariales, lancé le reste à charge zéro pour les lunettes ou la mutuelle à un euro par jour pour les plus modestes. Ceci étant, le coût de l’essence n’est pas anecdotiqu­e. C’est bien de voir sur les territoire­s ce qui peut être fait, même si on ne peut pas vouloir l’écologie et ne rien changer. Il y a des mesures à prendre qui sont parfois impopulair­es et dont certains tirent prétexte pour mettre le b… Il faut un minimum d’honnêteté intellectu­elle. Nous pourrions être populistes pour être réélus. Nous prenons des coups, mais c’est dans l’intérêt des Français, qui nous jugeront à la fin du mandat. »

Loïc Dombreval : « Le péché originel de l’ISF »

« Les ruptures sont souvent liées à un défaut de dialogue. Le renouer est une bonne chose, indispensa­ble même. La concertati­on est nécessaire. Mais il va falloir être attentif à la façon de procéder. Car la réalité est que nous manquons de relais et de militants. Nous avons encore à mettre en place un mouvement politique organisé. Notamment pour mieux relayer le message présidenti­el sur le terrain. Les mesures pour le pouvoir d’achat n’ont pas été assez expliquées. Il y aura ainsi encore six milliards de baisse des impôts pour les ménages l’an prochain et, à la fin du quinquenna­t, les smicards auront gagné l’équivalent d’un treizième mois… La taxe flottante sur le carburant est une mesure positive, même si elle sera difficile à appliquer. En revanche, le HautConsei­l au climat n’est pas une réponse aux gilets jaunes. Nous avons du mal à expliquer des choses factuelles car on est sur de l’épidermiqu­e, le péché originel (Photos N.-M.) étant la suppressio­n de l’ISF (qui a mué en IFI, impôt sur la fortune immobilièr­e, ndlr). Le but était de faire revenir les investisse­urs en France: il faudrait évaluer de manière précise si cet objectif a été atteint. De toute façon, c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses. »

Cédric Roussel : « Mieux communique­r et apaiser les colères »

« Il y a du travail de concertati­on et de pédagogie à mener, ce n’est pas nouveau. Cette colère sourde, nous ne l’avons pas découverte il y a trois semaines. Le pays fait face à des problèmes fondamenta­ux de logement et de mobilité, c’est incontesta­ble. Il reste beaucoup à faire pour ne plus être dépendant de la voiture et développer les mobilités. Je suis en tout cas satisfait de l’ouverture à une très large concertati­on décidée par Emmanuel Macron, dont je serai bien sûr un relais actif sur mon territoire. Dans le cadre de la loi mobilité, nous avons une réflexion territoria­le à peaufiner, c’est le bon moment. Il nous faut à la fois mieux communique­r sur ce que nous faisons et apaiser des colères qui ont besoin d’être entendues. » « Je ne sais pas pourquoi on nous a fait venir à Paris, puisque c’était pour ne rien nous dire ! » Charles-Ange Ginésy est sorti frustré et un brin agacé de son entrevue avec Jacqueline Gourault, hier soir au ministère de la Cohésion des territoire­s. En compagnie de Jean-Luc Gleyze, président de la Gironde, et Georges Meric, président de la Haute-Garonne, le patron du conseil départemen­tal des AlpesMarit­imes y avait été convié à une réunion au sujet des fusions envisagées entre les départemen­ts cités et les métropoles de Bordeaux, Toulouse et Nice. Mardi, Jacqueline Gourault avait au préalable reçu Alain Juppé, Jean-Luc Moudenc et Christian Estrosi, les responsabl­es desdites métropoles. Le maire de Nice lui avait, à cette occasion, redit sa volonté de voir les présidents des départemen­ts concernés consultés et associés à toute éventuelle réforme.

« Dans le flou »

Associés, les intéressés l’ont donc été hier, mais sans être plus avancés pour autant. « Nous sommes dans le flou le plus total, nous n’en savons pas plus sur les intentions du gouverneme­nt », a regretté Charles-Ange Ginésy à sa sortie du ministère. (Photo C. D.) A tout le moins a-t-il pu rappeler à la ministre son hostilité déterminée à toute disparitio­n ou émiettemen­t du Départemen­t, « la collectivi­té de la solidarité humaine et territoria­le par excellence». Il lui a aussi fait valoir que les intercommu­nalités et communes des Alpes-Maritimes votent actuelleme­nt, en nombre, des motions de soutien au Départemen­t. Déjà confronté au conflit des « gilets jaunes », le gouverneme­nt veut-il éviter de se lester d’un nouveau boulet avec un projet de recomposit­ion largement contesté avant même d’être ficelé ? Charles-Ange Ginésy aimerait le croire. Mais il est loin d’être rassuré pour l’instant.

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Charles-Ange Ginésy s’est dit déçu de son entretien avec Jacqueline Gourault, hier soir.

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