Une journée d’insurrection à Paris
Des scènes de guérilla urbaine ont eu lieu toute la journée d’hier en plein coeur de la Capitale. Les affrontements ont fait 110 blessés dont 17 parmi les forces de l’ordre
Ça sent la Révolution » : de l’Opéra à l’avenue Foch en passant par la rue de Rivoli et le boulevard Haussmann, plusieurs quartiers huppés de Paris ont été le théâtre hier de scènes de guérilla urbaine en marge de la mobilisation des «gilets jaunes». Tractopelle en feu, voitures retournées et incendiées, vélos en libre-service arrachés, radars et lampadaires mis à terre, pavés jonchant la chaussée: plusieurs arrondissements cossus du centre et de l’ouest de la capitale ont été livrés au chaos pendant plusieurs heures, noyés dans des nuages de gaz lacrymogènes ou nappés d’épaisses fumées noires. A 17 heures, quelque 75 000 manifestants ont été recensés sur l’ensemble de la France. La première journée nationale, le 17 novembre, avait réuni 282 000 personnes, et la deuxième 106 000.
Scènes de désolation
Sur la prestigieuse avenue Foch, une quarantaine de manifestants érigent des barricades avec des troncs d’arbre et des barrières, avant d’être aspergés de gaz lacrymogène. Des drapeaux français, dont certains ont été hissés sur le toit de l’Arc de Triomphe, côtoient des drapeaux bretons ou ceux représentant des têtes de morts. En début de soirée, de petits groupes de jeunes restaient postés sous l’Arc de Triomphe. Les principales artères situées à l’est de la
place de l’Etoile, point de départ des violents heurts, étaient marquées par les mêmes scènes de désolation, après le passage de « gilets jaunes »: distributeurs et vitrines détruits, boutiques de luxe pillées, arbustes arrachés, barricades érigées.
Macron convoque une réunion aujourd’hui
En début de soirée, la situation était «plus apaisée», « mais pas totalement sécurisée », a indiqué le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Une banque LCL a été complètement détruite par le feu en haut du boulevard Haussmann. Sur le très chic Faubourg Saint-Honoré, une voiture de police a été incendiée et une boutique de Champagne Nicolas Feuillatte pillée par des manifestants.
Les scènes de violences urbaines se sont répétées toute la journée en plusieurs points de Paris, au grand dam de «gilets jaunes» et leurs soutiens venus protester pacifiquement. Dans la soirée, la tension restait vive à Bastille. Selon le bilan communiqué peu avant 20 heures, les affrontements ont fait 110 blessés, dont 17 parmi les forces de l’ordre. « Je n’ai pas de tabou » ,aindiqué hier soir le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, interrogé sur l’opportunité d’instaurer l’état d’urgence, une mesure préconisée par deux syndicats policiers. « Nous étudierons toutes les procédures qui nous permettront de sécuriser plus encore », a souligné le ministre sur BFM-TV. Ce régime d’exception
Emmanuel Macron s’est exprimé depuis Buenos Aires où il participe au G20 : «Les coupables de ces violences ne veulent pas de changement, ils veulent le chaos. Ils trahissent les causes qu’ils prétendent servir». Le Président a également indiqué qu’il convoquerait aujourd’hui une réunion avec le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur. avait notamment été mis en place après les attentats terroristes de Paris de 2015, mais aussi après les émeutes de novembre 2005 dans les banlieues. « On a identifié à peu près 3 000 personnes qui ont tourné dans Paris » et ont commis des dégradations, «cequia rendu beaucoup plus difficile l’intervention des forces de l’ordre ». (Photos AFP) L’Arc de Triomphe a été envahi dès la matinée par les manifestants qui ont tagué l’édifice.