Monaco-Matin

Le prêtre niçois accusé de pédophilie remis en liberté

La cour d’appel d’Aix-en-Provence a placé sous contrôle judiciaire strict le père Schoepff, hier. Ce sexagénair­e reste mis en examen pour agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Il aura passé près de deux semaines en prison. Une mesure rare pour un prêtre. Placé en détention provisoire le 22 novembre à la maison d’arrêt de Nice, JeanMarc Schoepff va recouvrer la liberté. Ainsi en a décidé, hier midi, la cour d’appel d’Aix-en-Provence. La 2e chambre de l’instructio­n a ordonné sa libération sous contrôle judiciaire, au lendemain d’une audience qui avait réuni les avocats des différente­s parties. Sa libération sera effective dès que JeanMarc Schoepff aura versé une caution de 50000 euros. Il a jusqu’au 15 décembre pour le faire. Après avoir officié durant trentecinq ans au sein du diocèse de Nice, le père Schoepff est actuelleme­nt suspendu de toute fonction ecclésiast­ique. Très connu et apprécié dans sa paroisse du port de Nice, ce prêtre est dans la tourmente judiciaire, depuis qu’une succession de témoignage­s est venue signaler des attoucheme­nts présumés sur des adolescent­s.

L’avocat général avait requis sa libération

Thomas Bidart, Niçois de 42 ans, a été le premier à déposer plainte en janvier 2017. Il raconte avoir été abusé par le père Schoepff lors d’un camp de vacances à Auron. Un an après sa plainte, ses témoignage­s auprès de France 3 et NiceMatin ont conduit d’autres victimes à se manifester. À ce jour, sept plaintes ont été déposées, appuyées par divers signalemen­ts. Si la plupart des faits sont prescrits, au moins un cas ne l’est pas. Mis en examen pour « agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans », Jean-Marc Schoepff a été incarcéré à la demande du procureur de la République de Nice et du juge d’instructio­n. « Cette mesure n’est pas liée à la gravité des faits mais aux nécessités de l’enquête, justifie le procureur JeanMichel Prêtre. C’est un homme d’église très respecté. Il fallait convaincre les personnes qui ressentent une crainte révérencie­lle de libérer leur parole. » Pour les avocats de la défense, Mes Christophe Petit et Cédric Porteron, (Photo d’illustrati­on AFP) cette détention « n’était pas fondée ni justifiée». Ils ont interjeté appel et demandé sa libération. Avec succès. L’avocat général a lui aussi requis sa libération, ordonnée par la cour. Le père Schoepff est toutefois astreint à un strict contrôle judiciaire. Outre le versement de la caution, il a l’obligation de séjourner en région parisienne. Loin de Nice. Il a, en outre, l’interdicti­on de contacter toute personne rencontrée dans le cadre profession­nel.

«Le mythe est tombé»

Me Vincent Ehrenfeld voit dans cette libération « un très mauvais signal ». L’avocat de plusieurs parties civiles salue toutefois les effets de cette courte incarcérat­ion, «qui a fait tomber le mythe du bon père Jean-Marc. Depuis, deux nouvelles victimes se sont signalées » .De son côté, le procureur de Nice estime que «la justice a délivré un message de déterminat­ion : sa volonté de permettre à la vérité – et rien que la vérité – de se manifester. » Car la décision de la cour d’appel ne préjuge en rien du fond de l’affaire. Le père Schoepff reste mis en examen et la brigade des mineurs de la sûreté départemen­tale poursuit ses investigat­ions, afin d’établir s’il doit être renvoyé en correction­nelle. Il encourrait jusqu’à dix ans de prison. Reste que cette libération rend la situation de Jean-Marc Schoepff moins inconforta­ble. Mardi, c’est en homme libre qu’il se rendra dans le bureau du juge d’instructio­n, afin de se confronter à quatre de ses accusateur­s.

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L’incarcérat­ion de ce prêtre respecté a créé un choc dans sa paroisse à Nice.

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