Monaco-Matin

L’arnaqueur de la boutique Gucci reste en prison

Outre la peine de huit mois ferme confirmée, l’escroc d’origine ivoirienne a écopé en plus d’une amende de 2000 euros. Sa compagne a été relaxée

- JEAN-MARIE FIORUCCI

J’ai exercé cette voie de recours parce que la décision du tribunal correction­nel est injuste ! Je suis innocent!» Si la sanction du 20 août dernier était humiliante pour le prévenu, au jour de sa comparutio­n devant la Cour d’appel, cette juridictio­n a rendu lundi matin son arrêt dans l’affaire d’escroqueri­e constituée le jeudi 16 août 2018 chez Gucci, à Monte-Carlo. À l’audience, présidée par Mme Sylvaine Arfinengo, le conseiller Éric Senna a confirmé la condamnati­on à huit mois d’emprisonne­ment ferme prononcée en première instance contre ce ressortiss­ant ivoirien de 31 ans, sans profession. Les juges ont aggravé la peine avec une amende de 2000 euros. En revanche, la compagne, déclarée coupable à l’époque avec un mois assorti du sursis, a été relaxée [lire nos éditions du samedi 25 août 2018].

Des effets volés dans une voiture à Nice

Sur les faits ? Munis d’un ticket de caisse provenant de Gucci Milan et daté du jeudi 9 août, les deux conjoints ont pu obtenir le remboursem­ent de 5 795 euros de vêtements de luxe dans la boutique de Monte-Carlo. Une partie des effets est échangée, la différence est récupérée sous forme d’avoir de 1 550 euros. Or, ces achats, affectés nominative­ment à un ressortiss­ant russe, avaient été dérobés le 15 avait déclaré l’une des responsabl­es de l’enseigne de luxe de Monte-Carlo lors de l’audience précédente. (Photo J.-S.G.-A.)

août dans son véhicule stationné devant l’hôtel Negresco, sur la promenade des Anglais, à Nice. Entretemps, Gucci Monaco est informé du vol et du dépôt de plainte du client slave. Quand le couple retourne le lendemain dans la boutique pour profiter de l’avoir, le directeur alerte les policiers… Si l’artificieu­x manège du ménage n’avait pas échappé à la perspicaci­té des juges du tribunal correction­nel, les magistrats de la Cour d’appel se sont plutôt intéressés aux finances des concubins. Est-ce possible de fréquenter les

boutiques de luxe et faire bouillir la marmite avec un compagnon sans profession et les seules ressources d’une compagne employée chez Zara ?

« On ne m’a posé aucune question »

Le prévenu fait état de gains obtenus en misant sur les paris sportifs une à deux fois par mois. « Cela nous suffit pour bien vivre», déclarait-il. Admettons. Mais d’où provenaien­t les effets ? « J’ai croisé un individu dans la rue Trachel, à Nice. Il m’a proposé l’ensemble pour 2000

euros, car il avait perdu au casino. Les achats étant récents, j’ai pensé les échanger… » La propositio­n de troc dans la rue n’a pas surpris l’intéressé. Ni le nom différent mentionné sur le ticket. «J’ai juste parlé de cadeaux de la part d’un ami. Ils ne me plaisaient pas. On ne m’a posé aucune question. Je n’avais plus qu’à choisir.» Madame raconte simplement qu’elle est passée par la boutique cannoise. « L’avoir n’était pas valable. Je ne l’ai pas vu. C’était un bout de papier que j’ai présenté. Monaco était considéré à l’étranger. Comment s’est-il retrouvé dans mon sac ? Je ne le sais pas… »

« Il jure qu’il est blanc comme neige »

Cette histoire de vente à la sauvette n’est pas claire pour le premier substitut Cyrielle Colle. «Les déclaratio­ns sont trop sommaires et on ne gagne pas 3000 euros sans connaître le propriétai­re des vêtements. Le prévenu a pris un risque, car il pouvait constater l’origine frauduleus­e des effets. Or, il jure qu’il est blanc comme neige ! Avec un casier entaché d’escroqueri­e, il est difficile de le croire. Quant à Madame, elle ne pouvait pas ignorer non plus l’origine frauduleus­e. Les peines prononcées par le tribunal correction­nel sont adaptées à l’infraction. » Pour la défense du prévenu, Me Raphaëlle Svara martèle: «Cet homme ne savait pas que ces biens étaient volés. La facture ne justifie pas qu’il en connaissai­t l’origine frauduleus­e. Il n’a commis aucun délit. La charge de la preuve appartient à l’accusation. Relaxe ! ». Me Paul Sollacaro, du Barreau de Nice, réclamera également relaxe de sa cliente. « L’avoir ? C’est un bout de papier qu’elle n’a jamais eu en sa possession. Aucun délit. Aucun recel. Et comme elle est honnête, vous avez même eu connaissan­ce de son passage à Cannes… »

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« Nous allons certaineme­nt modifier la procédure habituelle »,

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