CÔTÉ FORMULE E
Votre nouveau départ se profile droit devant : pourquoi la Formule E plutôt que l’Endurance ? C’est vrai que le WEC (le championnat du monde d’endurance, ndlr) offre aujourd’hui le meilleur niveau de performance après la F. Mais attention : d’une part, il n’y a qu’un top team, Toyota. Et de l’autre, la catégorie reine (LMP Hybrid) va bientôt disparaître, un nouveau règlement étant en gestation. En outre, moi, je préfère les courses sprints. Alors, la Formule E m’attirait plus. Circuit en centre-ville, spectacle sympa, sans parler du nombre croissant de constructeurs impliqués. Et de sponsors. Tenez, là, à mes côtés, j’ai réuni plus de partenaires que chez Williams en F ! Bref, tout cela montre à quel point ce championnat grandit vite. Réflexion faite, par rapport à l’endurance, je pense que je peux y faire un plus long bout de chemin. On imagine que plusieurs grands constructeurs sont venus taper à votre porte. Pourquoi avez-vous choisi Venturi ? Parmi toutes les offres reçues, celle de Venturi m’a paru la plus intéressante. Vous êtes au courant du lien étroit noué avec Mercedes. L’équipe a aussi recruté d’excellents ingénieurs. Susie Wolff vient de prendre les manettes, en tant que ‘‘team principal’’. Ils me voulaient absolument. Bref, il s’agit d’un projet ambitieux. En plus, je vis à Monaco, donc nous sommes voisins. (Il sourit)
Après Claire Williams en F, vous allez travailler ici sous les ordres de Susie Wolff et Delphine Biscaye (team-manager). Vous aimez être dirigé par des femmes, non ? Honnêtement, ce n’est pas ce critère qui a déterminé ma décision. Certes, je connaissais Susie, sa personnalité, ses qualités, puisqu’elle était aussi chez Williams. Delphine, en revanche, je l’ai rencontrée ici. Chez Venturi, ce sont les perspectives de développement qui me séduisent. Mais si on peut réussir avec des femmes, tant mieux. Le sport auto n’est pas une affaire d’hommes. Tout le monde peut s’y épanouir.
Certains pilotes de F ont vertement critiqué la Formule E au début. Leurs paroles vous ont choqué ? Pas vraiment, non. Moi-même, au moment de la saison , j’étais sceptique. Mais quand on voit ce championnat grandir de la sorte, tous les pays qui l’accueillent, les constructeurs qui débarquent, la nouvelle monoplace ‘‘Gen ’’, l’évidence saute aux yeux. La Formule E, c’est une autre philosophie. Aujourd’hui, les mentalités évoluent, les idées changent. Petit à petit, les récalcitrants de la première heure, pilotes et fans, comprennent. Et ceux qui résistent encore comprendront bientôt ! Quel est le principal sujet d’étonnement lors du tout premier roulage? Croyez-moi, en venant de la F, on se rend compte illico que tout est différent : pas de changement de vitesses, peu d’appui aéro, adhérence réduite, moteur % électrique... Il y a donc beaucoup de nouveaux paramètres à gérer. Et deux difficultés que je place côte à côte en première ligne. D’abord, en rythme course, enchaîner les tours réguliers en préservant l’énergie autant que possible. Ensuite, le grand écart entre le pilotage en mode qualif’, où vous disposez de kW, et la course, où la puissance est limitée à kW. Pas facile !
Êtes-vous satisfait des tests accomplis à Valencia et ailleurs ? Oui. Nous avons pas mal progressé en l’espace de quelques mois. À Valencia, même si le tracé n’a rien à voir avec ceux des ePrix, nous avons roulé sur le sec puis sur le mouillé. De quoi engranger de précieuses infos. Et pour moi, apprendre vite les diverses procédures.
En Espagne, vous signez le temps et votre coéquipier Edoardo Mortara finit Un classement significatif ? Je ne sais pas. Difficile de mesurer le potentiel des uns et des autres sur une telle piste. J’espère que l’on sera encore plus compétitif dans les rues.
Vous vous estimez prêt ? Oui, je le suis. C’est un nouveau défi. Pour la première fois de ma carrière, je vais découvrir tous les tracés. Quelque part, à ans, je me sens un peu dans la peau d’un débutant. A moi de savoir progresser rapidement.
Réussir chez Venturi, là où Jacques Villeneuve a échoué, c’est une source de motivation spéciale ? Pour moi, Jacques ne constitue pas tout à fait le meilleur exemple, hein ! Bon, je l’aime, c’est un ami. Mais après la F, on peut dire qu’il s’est planté partout. Alors, si je signe les mêmes résultats que lui, l’expérience s’arrêtera vite. Ma carrière aussi. Franchement, je préférerais imiter Vergne, Buemi ou Di Grassi.
Déjà quatre saisons au compteur et le tableau de chasse de Venturi reste bloqué à zéro victoire. Ça vous surprend ? Un peu, quand même. L’équipe est déjà passée tout près à plusieurs reprises. Maintenant, elle est mieux structurée, mieux préparée. J’espère lui offrir ce bonheur très vite.
Le championnat ne fait pas escale au Brésil. Comment est-ce possible ? Tel est le cas en -, hélas. Ensuite, on verra. Mon pays vient de négocier un virage important. Je crois en lui, je crois en notre nouveau président (Jair Bolsonaro). Il peut construire un avenir meilleur. En attendant, ma course à domicile, ce sera l’ePrix de Monaco. Où je compte bien retrouver le chemin du podium.
Ma course à domicile, ce sera l’ePrix de Monaco”