« Laissés pour compte par Macron, Estrosi ou Ciotti »
Au carrefour de la Vésubie et de la vallée du Var direction la Tinée, point stratégique de la route du ski, les «gilets jaunes» des vallées crient leur ras-le-bol général. Sans bloquer les voitures
Rond-point Durandy, 6 h 30. C’est à la croisée des trois vallées (celles du Var, de la Vésubie et de la Tinée) que se sont rejoints, hier, les «gilets jaunes», derrière Marco Dutt. Gilet orange sur le dos, cet habitant d’Utelle, ferronierserrurier sans emploi, est l’organisateur de la manifestation. Porte-parole de ces habitants du moyen et haut pays qui souffrent. «On est de la Tinée, de la Vésubie et de la vallée du Var. On s’est réuni ici pour dénoncer que, dans nos vallées, dans nos villages où il y a beaucoup de retraités, on est démuni de tout. Et ce n’est pas qu’à cause de Macron. On nous taxe de partout !, peste-t-il. Les problématiques sont spécifiques aux vallées.»
«Montrer notre mécontentement»
Manque de transports en commun et scolaires, hausse du coût des trajets, du prix de l’eau «depuis la Métropole», etc. «Les valléens en ont assez», peut-on lire sur le tract distribué aux automobilistes. Nombreux, hier, sur la route du ski et pour rejoindre le Une quinzaine de «gilets jaunes» venus des vallées de la Tinée, de la Vésubie et du Var, se sont mobilisés, hier, de à heures, au rond-point Durandy, pour montrer leur mécontentement sous la surveillance des gendarmes, sans bloquer l’accès aux stations. (Photos A. Mi.)
haut pays, ils ont, dans leur très grande majorité, klaxonné, salué, ralenti au passage de ce point stratégique où les «gilets jaunes» avaient décidé de s’installer. Sans blocage. Appelant simplement à «un rassemblement» de façon «conviviale» et «bon enfant» ,au
rythme, notamment, de chants anti-Macron (lire cicontre). «Notre but n’est pas de casser ou de se faire mal voir par la population, assurent les manifestants. On n’est pas là pour embêter les gens mais pour montrer notre mécontentement.»
«Je suis là pour les retraites et pour les charges, c’est un vol manifeste, résume Christian de Villars-sur-Var, 67 ans. J’ai travaillé 43 ans dans les travaux publics, à peine 7 jours d’arrêt maladie dans ma vie, et le gars arrive, enlève 35 euros sur ma retraite, 15 sur celle de ma femme, ça fait 600 euros sur l’année. Je n’ai jamais manifesté de ma vie mais là, c’est du vol. C’est de l’argent que je préférerais donner à mes petits-enfants.» Question de principe. «Je ne suis pas dans le besoin mais solidaire… Et puis, on ne dit pas que ce n’est que la faute de Macron.»
«Que notre travail nous rapporte»
Au-delà, c’est un sentiment d’être oublié de toutes parts. Un trop-plein. «On est laissé pour compte, que ça soit par Macron, Estrosi ou Ciotti», résume Marco Dutt dont l’épouse, Jocelyne, est ingénieure pour une grosse société d’informatique. «C’est logique qu’il y ait des taxes mais il faut qu’elles soient bien utilisées. On ne veut pas d’aides ou être dépendant, on veut que notre travail nous rapporte et qu’on puisse vivre décemment. Nous ne voulons plus d’injustice sociale.» Pour cela, et le reste, tous se disent prêts à «ne rien lâcher». Ici ou ailleurs. «Si je peux, la semaine prochaine, je monte à Paris, lance Christian. Je pense
que pour se faire entendre, il faut y aller.» Présents au rond-point jusqu’à midi, les «gilets jaunes» des vallées ont ensuite levé le camp. Certains ont rejoint le rondpoint de Saint-Isidore pour poursuivre la mobilisation.