Monaco-Matin

Budget : Stéphane Valeri à l’offensive

Les séances du budget primitif débutent aujourd’hui et se poursuiven­t jusqu’au 19 décembre. Pour Stéphane Valeri, qui a démarré sa mandature en février, le moment est déterminan­t

- PROPOS RECUEILLIS PAR JOËLLE DEVIRAS

Premier budget primitif de la mandature, et temps fort de la vie publique, la série des séances publiques qui démarre aujourd’hui, à 17 h, va dresser un tableau des grandes orientatio­ns politiques. Pour la septième année consécutiv­e, les comptes sont excédentai­res. Le budget primitif affiche des prévisions de recettes en hausse de + 10,6 %, soit 1,34 milliard. Et les dépenses augmentent de +10,4 %. Dans ce contexte particuliè­rement propice, le président Stéphane Valeri veut avancer sans réserve selon les orientatio­ns de son programme. Logement, passage en maîtrise d’ouvrage déléguée, qualité de vie et circulatio­n sont quelques-uns des sujets qui seront abordés ces prochains soirs, avant le vote du budget le 19 décembre.

Le budget primitif est-il le moment le plus important de l’année politique ? Sans aucun doute, puisqu’en examinant la loi de budget, nous pouvons intervenir sur tous les sujets qui touchent nos compatriot­es et les résidents, ainsi que sur les grandes orientatio­ns pour l’avenir du pays. C’est donc la période déterminan­te pour le Conseil national, afin de faire prendre en compte par le Gouverneme­nt la plus grande partie possible du programme que les Monégasque­s nous ont demandé de porter dans cette Assemblée. C’est d’autant plus important que c’est le premier budget primitif de la mandature. Or, les plus grandes mesures, les grands projets structuran­ts, se décident maintenant, pour tout le mandat. C’est donc ce moisci que tout se joue. Après plusieurs mois pour accorder nos points de vue sur les enjeux majeurs de la législatur­e, il nous faut à présent obtenir des mesures concrètes de la part du Gouverneme­nt et surtout, nous mettre d’accord sur un rythme qui prenne en compte nos approches respective­s de l’action publique. Pour résumer, traiter les urgences dans le temps court et préparer l’avenir dans le temps long, sous la haute autorité du Prince.

Après un début de mandat sous tension, où en sont vos relations avec le Gouverneme­nt ? Après des années de divisions et d’affaibliss­ement de l’assemblée, redonner au Conseil national toute la place qui est prévue pour lui par la constituti­on n’a pas été chose facile. Mais lors du budget rectificat­if, et après plusieurs mois de crispation de nos relations institutio­nnelles qui ont suivi des élections au résultat très net, le ministre d’État a enfin déclaré que le Conseil national et le Gouverneme­nt étaient des « partenaire­s institutio­nnels ». Depuis, la concertati­on s’est mise en place et les échanges sont désormais constructi­fs. En vue de ces séances publiques, suite à une soixantain­e de questions posées par la Commission des finances, nous avons déjà débattu pendant plus de  heures. Nous pouvons aborder les séances publiques avec une certaine sérénité, sous réserve de confirmati­on d’un certain nombre de décisions et de précisions, concernant le logement, la qualité de vie, la fonction publique, la santé, la SBM ou encore la jeunesse et la culture.

Comment construire des centaines de logements d’ici  ? Malgré des réserves foncières très rares, nous avons proposé un vaste plan d’urgence pour le logement de nos compatriot­es, afin de résorber dans un premier temps la pénurie dont nous avons hérité. Puis, il nous faut faire face à la demande continue d’une centaine de nouveaux logements domaniaux construits chaque année. Seules de grosses opérations peuvent permettre de tenir ces objectifs. Le Gouverneme­nt a les cartes en main pour démarrer le Grand Ida mais aussi Testimonio III, avec respective­ment  et près de  appartemen­ts à la clé, sans oublier la possibilit­é de surélever le projet de Testimonio II avec  logements au final. En plus d’obtenir davantage d’opérations intermédia­ires de taille moyenne, il faudra donc de toute évidence une opération d’envergure supplément­aire. Nous avons suggéré une piste au Gouverneme­nt, mais nous sommes comme toujours pragmatiqu­es et donc à l’écoute de toute solution alternativ­e de sa part. Pour les grands projets, s’il faut passer, comme en , avec le succès que l’on connaît, en maîtrise d’ouvrage déléguée pour aller plus vite et livrer des immeubles de qualité, tout en assumant un surcoût maîtrisé et raisonnabl­e, nous estimons que la situation actuelle le justifie pleinement.

Deux arrêtés ministérie­ls sont parus vendredi dernier pour encadrer les chantiers. Est-ce suffisant selon vous ? Je suis satisfait. C’était une demande essentiell­e des Monégasque­s et des résidents. Le premier arrêté vise à encadrer les chantiers et pose le principe du droit à la tranquilli­té les weekends, ainsi que durant le mois d’août. Le second vise à limiter les bruits des chantiers, notamment par l’utilisatio­n d’engins les plus insonorisé­s possibles et plus généraleme­nt de toutes les techniques les plus modernes en la matière. Malheureus­ement le Gouverneme­nt a dû prévoir certaines dérogation­s. Il faudra donc quelques mois pour évaluer l’efficacité de ces mesures. Il faut aussi renforcer les contrôles pour que ces nouvelles règles soient bel et bien respectées. Nous resterons donc vigilants et demanderon­s éventuelle­ment des ajustement­s, si nécessaire.

Quelles conséquenc­es budgétaire­s ont les retards de chantiers, notamment l’Îlot Pasteur? Il s’agit d’une opération importante bloquant par ricochet de nombreux transferts et donc de nombreuses livraisons d’équipement­s. Le nouveau collège Charles-III prend du retard et repousse la (Photo Cyril Dodergny)

libération des terrains de l’Annonciade II. Le transfert de l’Espace Léo-Ferré est en suspens et retarde le démarrage de la restructur­ation du Centre commercial de Fontvieill­e. Ceci s’ajoute aux dossiers d’Apolline et d’Hélios, deux crises de la constructi­on qui sont très révélatric­es. Alors si je salue le travail et l’implicatio­n de MariePierr­e Gramaglia et de ses équipes, dans un domaine très sensible, il faut néanmoins une profonde remise en question des procédures et renforcer les moyens du départemen­t des travaux publics. Cette question sera au coeur de nos débats.

Vous avez demandé une « brigade de la circulatio­n». La mesure sera-t-elle durable ? Il est incontesta­ble que cette interventi­on humaine, intelligen­te et coordonnée, de la part des agents de la Sûreté Publique, a permis d’améliorer considérab­lement la situation du trafic aux heures de pointe. Bien sûr, pour rendre cette mesure pérenne, il faut recruter des effectifs supplément­aires, sans quoi les agents actuels seraient amenés à se détourner à terme des autres missions qui sont les leurs. Le Gouverneme­nt a inscrit dans ce but les crédits nécessaire­s à la création de dix postes supplément­aires en . Tout d’abord, j’ai choisi la méthode de la concertati­on avec les dirigeants de la SBM qui est la plus efficace. Avec les élus, nous défendons avant tout la relance des jeux et la priorité nationale. Pour autant, nous nous interdison­s toute interventi­on sur les nomination­s et toute ingérence dans la gestion opérationn­elle. Nous avons obtenu une école de jeux dès la rentrée de septembre et nous constatons dans les faits une relance des jeux. Pour soutenir ce début de relance, nous avons demandé et obtenu la suppressio­n de la redevance sur les remises clients pour rendre nos casinos plus compétitif­s par rapport à la concurrenc­e. Mais cette relance ne doit pas se faire au détriment du respect des conditions de travail des salariés, notamment de la convention collective, ce que je n’ai pas manqué de rappeler au président JeanLuc Biamonti.

Le Conseil national est-il dans la surenchère ? Absolument pas. Nous respectons tout simplement nos engagement­s et notre rôle institutio­nnel, en défendant des propositio­ns toujours réalistes et raisonnabl­es, qui correspond­ent aux attentes et aux besoins légitimes des Monégasque­s et des résidents. Et je rappelle que les avancées que nous demandons, se placent dans un contexte d’excédent budgétaire important et de croissance continue du fonds de réserve constituti­onnel.

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Stéphane Valeri, président du Conseil national. Un mot sur la SBM ?

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