Monaco-Matin

Pourquoi la Côte d’Azur se rêve en terre à licornes Innovation

Avec l’Ecole de Nice, la Côte d’Azur, terre de créativité, a su porter des talents de renommée internatio­nale. Est-elle en mesure de faire la même chose avec le numérique ?

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTELLE LEFEBVRE clefebvre@nicematin.fr

Qu’ont en commun l’artiste Bernar Venet et Eric Léandri, le fondateur du moteur de recherche qui ne s’intéresse pas à votre vie privée ? Une pensée avant-gardiste, selon ce qui est ressorti des échanges, vendredi, au Mamac à Nice. La trente-troisième Matinale Eco de la Maison de la Métropole Nice Côte d’Azur et de la Région Sud à Paris, dont la vocation est de créer du lien avec les acteurs économique­s azuréens et favoriser des opportunit­és de rencontres business, a fait le pont entre la créativité, l’art et le numérique. Berceau de l’Ecole de Nice, la Côte d’Azur peutelle devenir une terre à licornes? Un artiste et quatre entreprene­urs nous donnent leur point de vue.

. Bernar Venet : la créativité pour moteur

Bernar Venet, artiste plasticien niçois de renommée internatio­nale : « Il y a pas mal de similitude­s entre un artiste et un startuper. Le processus créatif est le même. C’est d’abord de l’intuition puis de l’expériment­ation et beaucoup de tâtonnemen­ts qui aboutissen­t soit à un raté, soit à un chef-d’oeuvre. Il n’y a pas plus seul qu’un artiste dans son atelier, au même titre que peut l’être un créateur d’entreprise à ses débuts. Et un artiste, c’est quelqu’un qui remet

chaque jour en question ce qui a été fait avant. Les startupers niçois ont-ils la capacité à réinterrog­er le monde suffisamme­nt pour faire émerger leur école ? Je n’en doute pas. »

. Cédric Messina : se fédérer

Cédric Messina, fondateur de My Coach Sports et coprésiden­t de la French Tech Côte d’Azur : « Devenir une licorne, toute startup en rêve secrètemen­t. Mais de manière plus pragmatiqu­e, il faut déjà que nos startups

deviennent des scale-ups. Et pour exister, il faut qu’on soit fédérés. C’est vrai à l’échelle des Alpes-Maritimes avec une cohésion entre les territoire­s de vie de Nice, Cannes, Grasse et Sophia Antipolis. C’est encore plus vrai au national. Avoir une French Tech Côte d’Azur forte, c’est se donner une chance d’être identifié à Paris. »

. Eric Léandri: défendre ses valeurs

Eric Léandri, CEO de Qwant et co-président de la French

Tech Côte d’Azur : « Trouver de l’argent pour se financer, c’est facile quand on a la bonne idée et/ou le bon produit. C’est trouver de l’argent en gardant toutes ses valeurs qui est plus difficile. Tant qu’on n’aura pas compris en Europe, qu’il vaut mieux cent boîtes qui valent un milliard plutôt qu’un géant, acteur unique sur son marché, parce que ces cent boîtes vont en nourrir d’autres et que cela rend l’écosystème plus fertile, on aura du mal à faire passer certains caps à nos innovation­s,

même les plus pertinente­s. »

. Philippe Peyrard : s’engager

Philippe Peyrard, fondateur d’Ellcie-Healthy: «Tout est question d’engagement­s. Avec Ellcie-Healthy, les lunettes connectées qui luttent contre l’endormisse­ment au volant, j’ai décidé de faire du 100 % Made in France. Avec ce que cela comporte d’avantages et d’inconvénie­nts. Avantage du capital sympathie que cela provoque aux yeux du grand public, inconvénie­nt de mettre trois mois à faire un moule de production là où trois semaines auraient suffi en Chine. Mais j’ai la certitude de voir mes lunettes assemblées par un adulte consentant plutôt que par un enfant de dix ans. Chaque territoire a le choix des valeurs qu’il veut défendre. Si on veut des licornes comme dans la Silicone valley, il faut s’en donner les moyens. »

. Valérie De Jesus: un combat de chaque jour

Valérie de Jesus, fondatrice de MyFlyingBo­x : « Monter son entreprise est un combat de chaque jour. On évoque souvent la longue traversée des trois à cinq ans, période où l’on peut prétendre à devenir scale-up, mais en réalité, la dépense d’énergie est nécessaire à chaque étape. Être accompagné permet en revanche de faire des pas de géants. Depuis que je suis hébergée au CEEI à Nice, j’ai pris conscience de beaucoup de choses dans mon business modèle des éléments que j’aurais mis des années à cerner si j’étais restée seule. Je me suis aussi aperçue qu’il y avait aussi beaucoup de femmes qui lançaient leur startup sur la Côte. Et licorne, c’est un mot féminin non ? »

 ??  ?? Nice aura-t-elle le même impact sur le numérique que celui de l’École de Nice sur l’art ? Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole de Nice Côte d’Azur : « Il faut capitalise­r sur l’exigence de remise en cause que l’art et le numérique ont en commun.» En haut à droite: Bernard Venet. En bas de gauche à droite : Cédric Messina, Eric Léandri, Philippe Peyrard et Valérie de Jésus. (Photos C.L.)
Nice aura-t-elle le même impact sur le numérique que celui de l’École de Nice sur l’art ? Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole de Nice Côte d’Azur : « Il faut capitalise­r sur l’exigence de remise en cause que l’art et le numérique ont en commun.» En haut à droite: Bernard Venet. En bas de gauche à droite : Cédric Messina, Eric Léandri, Philippe Peyrard et Valérie de Jésus. (Photos C.L.)

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