L’indigestion des cuisiniers
Qui se douterait, alors qu’il déguste des plats raffinés dans des restaurants cossus, que dans les cuisines de Monaco, ça commence à sentir sérieusement la précarité ?
Pourtant, la restauration n’est plus l’eldorado de l’emploi stable qu’il a été jadis. Eric Faure, délégué syndical « cuisiniers, pâtissiers, tabliers bleus », redoute que les jeunes générations en soient rendues à se contenter des restes: « Les grilles de salaire ont totalement disparu à Monaco. Ce qui fait que les salaires sont à la tête du client. On ne leur fait plus de contrats, ils sont en extra ou en intérim. Quand un cuisinier fait € dans un établissement, c’est bien ! À € de l’heure, les gens n’arrivent plus à se loger. Ils sont obligés d’aller de plus en plus loin. Ils vont en Italie ou en France, mais même à Nice c’est compliqué. Certains font kilomètres pour venir travailler. Alors oui, il y a toujours du travail, mais dans quelles conditions ? On se sert des gens comme des Kleenex. C’est très compliqué. Il y a urgence ! » Cette précarisation n’est pas non plus du goût de Jean-Pierre Messy, secrétaire général du syndicat des cuisiniers : «Les extras sont reconduits de jour en jour, aux minima, sans aucune garantie du lendemain, sans liberté familiale ou sociale, sans reconnaissance d’ancienneté, ou prime de précarité. Sans aucun droit, sauf celui de se taire, et d’être un esclave. »