Monaco-Matin

Fausse carte d’identité : les policiers pas dupes

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Comment créer une fausse carte d’identité ? Il suffit d’aller sur YouTube, à en croire cette Ivoirienne de 25 ans qui a comparu mardi devant le tribunal correction­nel. Faussaires et logiciels donneraien­t la méthode rapide pour obtenir tout faux document des plus convaincan­ts !

Mais c’était sans compter sur la perspicaci­té des policiers monégasque­s le 10 septembre dernier. Au cours du contrôle d’un véhicule Peugeot à Fontvieill­e, ils ont douté rapidement de l’authentici­té de la carte présentée par la jeune femme. Elle prétextait la perte de ses papiers et remettait alors une carte bancaire pour prouver la véracité de son identité.

« J’utilise cette carte pour la première fois »

Au cours de leurs recherches, les enquêteurs parvenaien­t à la certitude de posséder un titre invalide et déjà détruit par l’administra­tion française. À l’audience, le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e apparaît étonné du comporteme­nt de la prévenue et les raisons de se servir des réseaux sociaux pour produire ce document. « J’avais besoin de posséder des documents français », répond presque innocemmen­t cette personne en situation irrégulièr­e, sans nier les faits. « Pourquoi ne pas avoir utilisé vos papiers ivoiriens pour parvenir à les obtenir ? » rétorque le magistrat.

« J’étais vraiment désespérée. Je n’arrivais pas à récupérer mes papiers ivoiriens auprès de ma belle-mère, la femme de mon père. Alors, en 2014, je suis allée sur internet. J’ai envoyé une photo et 100 € à une personne. » Sans oublier de préciser : « J’ai cette carte depuis plusieurs années et je l’ai utilisée pour la première fois le jour du contrôle en Principaut­é. Je venais à Fontvieill­e avec mon compagnon pour voir des amis. J’ai fait la demande afin d’obtenir la nationalit­é française. J’habite dans l’Hexagone depuis l’âge de5ans…»

« Cette femme est sans papiers… Alors je l’aide »

À ce moment-là, dans le prétoire, un homme demande à venir à la barre pour témoigner. Il se présente comme son père adoptif. « Son passeport est périmé, précise-t-il. Du côté parental, on ne veut lui fournir aucun document. Pourtant, ces deux personnes habitent en région parisienne et le père a la nationalit­é française. Sa famille ne s’en occupe pas. Cette jeune femme est sans papiers. Alors je l’aide… »

Ce faux n’était pas pour autant la bonne solution, souligne le procureur Alexia Brianti. « La voilà maintenant dans l’illégalité. Comme le document n’a pas été fabriqué, ni par la prévenue ni à Monaco, vous entrerez en voie de relaxe. En revanche, elle avait la possibilit­é d’obtenir un titre de séjour et il n’a pas été demandé. Une procédure était nécessaire… »

 € d’amende avec sursis et relaxe pour le faux

En fin de compte, la réponse sera pénale : 1 000 € d’amende assortie du sursis afin d’éviter un éventuel recours à ce genre de demande. Les efforts de la défense, assurée par Me Xavier Alexandre Boyer, vont confluer vers un même but : la clémence. « Prenez en compte les difficulté­s d’une famille défaillant­e. Perdue, dépassée par les événements, ma cliente a été tentée par une solution de facilité. À ce niveau, le trouble à l’ordre public est des plus limités, car elle est passée une seule fois sur le territoire monégasque. Elle a bien compris la gravité de son comporteme­nt. »

Le tribunal montrera son indulgence en ramenant les réquisitio­ns du ministère public à une peine de 800 € d’amende avec sursis et la relaxe pour les faits de faux.

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(Illustrati­on Cyril Dodergny) Les juges ont été cléments à l’égard de cette jeune femme ivoirienne qui avait acheté sur internet une fausse carte d’identité française.

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