L’ambassadeur Patrick Médecin : « Nous sommes dans un pays où il y a tous les besoins »
Omniprésent dans les pas du souverain durant sa visite officielle en Inde. Aux petits soins de la délégation du MEB durant sa mission. L’ambassadeur de Monaco en Inde, Patrick Médecin, a été l’un des grands artisans du succès de la visite de la délégation monégasque à New Delhi, cette semaine. Diplômé d’une école de commerce, salarié de la Single Buoy Moorings, à son compte dans le domaine d’internet « avant que la bulle n’explose », puis un temps chez Monaco Telecom, Patrick Médecin a été nommé ambassadeur au Japon mi-2011, puis ambassadeur en Inde en 2012. Deux postes qu’il cumule toujours actuellement.
Seuls deux prédécesseurs avaient occupé ses fonctions en Inde, chacun moins d’un an. Rainier Imperti, malheureusement emporté par la maladie, et Marco Piccinini (ambassadeur en Inde et en Chine), nommé rapidement
‘‘ conseiller de gouvernement-ministre des Finances. Un terrain presque vierge donc pour Patrick Médecin, d’autant plus que l’autonomie diplomatique de Monaco s’est accentuée seulement en 2005, avec la montée sur le trône du prince Albert II.
À raison de quatre voyages par an, l’ambassadeur Médecin s’est fait « une vision d’ensemble » du pays et témoigne de ses aspirations.
Comment avez-vous été accueilli, en tant que Monégasque, il y a maintenant sept ans ?
J’ai toujours été bien accueilli. Je dis souvent que j’ai une énorme bibliothèque derrière moi et que Monaco est tellement varié que je trouverai toujours un livre pour parler de sa culture, le sport, les véhicules électriques, l’océanographie…
Comment a évolué l’Inde ces dernières années ?
L’Inde est un pays émergent qui s’est développé de manière terriblement rapide et dont on parle beaucoup. D’autant plus depuis que le Premier ministre Narendra Modi a donné une nouvelle impulsion au pays en 2014. C’est une personnalité qu’on voit au G20 et qui prétend à une place au Conseil de sécurité.
Sur le plan des affaires, le marché est-il ouvert ? La délégation monégasque, qui a déjà été en Chine ou en Russie, peut-elle espérer signer des contrats rapidement ?
Nous sommes chez des hommes d’affaires redoutables, des businessmen hors pair. S’ils trouvent le truc, il n’y aura pas besoin d’accord du gouvernement central ! C’est la plus grande démocratie du monde avec un marché difficile où on ne gagne pas une implantation du premier coup mais, à mon avis, Monaco a une carte à jouer.
Quels sont les besoins ?
C’est un pays où il y a la plus grande croissance mondiale. Un endroit où il y a tous les besoins. Récemment, 30 % des gens n’avaient pas accès à l’électricité. De l’autre côté, il y a Mukesh Ambani, qui est la 36e fortune mondiale (*). Avec toutes ces différences sociales, M. Modi doit composer avec un pays qui est encore agricole et essentiellement tertiaire, mais n’a pas de secondaire. Et 50 % de la population à moins de 35 ans, donc tous les mois il y a plusieurs millions d’emplois à créer.
Le Premier ministre Modi, reconnu pour son travail à l’international, est très critiqué ces sur la question de l’emploi. Un rapport officiel évoque un taux de chômage record depuis ans avec , % de la population active au chômage…
On est à la veille d’une campagne électorale dans la plus grande démocratie du monde. Ils vont aux urnes au printemps et vous allez avoir une campagne électorale qui va être l’équivalent de la campagne électorale française ou américaine. Sympathique, sans affaires, courtoise au plus haut point… Bref, vous voyez ce que je veux dire, ça va être dégoûtant. Quelle image les Indiens ont-ils de Monaco ?
On a commencé à parler un petit peu de Monaco il y a quelques semaines ici. Et puis il y a eu le fait que le souverain allait venir. Une machine étonnante s’est alors mise en place et tout le monde a commencé à fouiller.
Par exemple, on a découvert que le fameux avion solaire (Solar Impulse) qui a atterri deux fois sur le territoire du Gujarat, État de M. Modi – qui est intéressé par les nouvelles technologies –, avait son quartier général à Monaco. Puis appris que ce n’était pas une simple lubie, puisque le prince a suivi chaque décollage et atterrissage. Découvert enfin que Monaco et son souverain sont extrêmement impliqués dans l’environnement.
Monaco peut-il apporter une expertise aux Indiens dans d’autres domaines ?
Oui, dans le domaine sportif par exemple. Ici, il y a le cricket et une Ligue de football, comme les Chinois, financés par des richissimes intéressés. Mais sinon ? L’Inde, aux Jeux Olympiques de Londres (2012), c’est six médailles dont aucune d’or. À Rio, c’est trois médailles (2016). Il y a eu une prise de conscience de se dire que pour l’image de marque du pays, il faudrait faire des choses dans le monde sportif. Sachant que ça veut aussi dire élévation, jobs, santé… Les deux Fédérations d’athlétisme d’Inde et de Monaco viennent d’acter que le 17 février, il y aura l’inscription d’un premier athlète indien au meeting d’Herculis. Et pas n’importe qui, quelqu’un qui fera les minima. Ils ont un besoin et, nous, on a une offre avec le meilleur meeting du monde.
Un marché difficile où on ne gagne pas du premier coup ”
‘‘ Un athlète indien au prochain meeting Herculis ”
Et la pollution ?
À Monaco, il y a la volonté du prince Albert II et un Pacte de transition énergétique sur un petit territoire, mais ici ? Ils sont
, milliard, comment on leur fait prendre conscience ? Et il y a un grand aspect politique derrière. Mais quelque chose se passe.
Quelle est la diaspora indienne à Monaco ?
personnes non résidentes.
* Selon le classement Forbes 2018, sa fortune est estimée à 40,1 milliards de dollars. Il doit son succès à la pétrochimie, le pétrole et le gaz.